L'aurore au bord de la rivière

Cinq heures du matin, le soleil commençait déjà à se lever, comme tous les jours, GaJin écourtait ses nuits, ne souhaitant pas rester plus longtemps dans l'univers de ses propres cauchemars. De toutes façons, son travail ne lui permettait pas de faire la grâce matinée, et c'était tant mieux. GaJin avala une tasse de thé qu'elle faisait à base d'une certaine plante qui la maintenait éveillée, remplaçant la caféine, puis se prépara; enfila son vieux jean un peu usé, un t-shirt et des baskets. Elle hésita un moment entre enfiler la combinaison en caoutchouc qu'elle avait trouvée à son arrivée, preuve qu'il y avait déjà des pêcheurs à Hollowish avant le cataclysme, ou pas. Bah elle n'en avait pas besoin aujourd'hui, elle n'allait récolter que les poissons qui s'étaient retrouver prisonniers dans les filets. Elle releva ses cheveux et vissa sa casquette sur sa tête; elle était désormais fin prête pour sa journée de travail.

Le chemin n'était pas long jusqu'à la rivière et GaJin aurait pût le faire les yeux fermés tellement elle le parcourait tous les matins.
Une fois sur place, c'était comme un automatisme, la jeune fille se glissait dans l'eau, là où c'était peu profond et où le courant n'était pas très fort, elle en avait quand même jusqu'à la taille, mais les poissons qui se prenaient dans le filet à cet endroit là, était les plus gros. GaJin avait de la chance, une dame âgée du village lui avait fabriqué ces filets, la jeune fille elle n'était pas fichue de manier une aiguille, et pour l'en remercier, elle partageait avec elle les récoltes de ses ventes. La femme lui avait dit que se n'était pas la peine, mais il y tenait, elle n'aurait rien su faire sans ces filets alors.

Quand tout à coup, alors qu'elle s'affairait à l'endroit le plus profond, quelque chose attira son attention à la surface de l'eau. Oh ce devait seulement être le reflet des rayons du soleil qui perçait entre les arbres, mais intriguée, GaJin s'approcha de l'endroit où elle avait vu quelque chose briller. C'est là qu'elle vit un visage, là dans l'eau de la rivière. Elle connaissait ce visage pour l'avoir vu de nombreuses fois dans les journaux, c'était un visage enfantin, qui était lié à elle, même si elle ne s'en rappelait pas directement, elle ne faisait que se remémorer ce qu'avaient dit les journaux à cette époque. Le visage était exactement comme celui qu'elle avait vu en image, bleuâtre, bouffis, la seule différence était qu'il la dévisageait. GaJin se disait que c'était impossible, cette personne était morte, mais après ce qui s'était passé au centre l'autre jour, était-ce vraiment si surprenant?

Elle savait qu'elle aurait dû s'en aller, retourner à ses occupations premières, mais c'était plus fort qu'elle, elle se penchait, son visage se rapprochant inexorablement de l'eau, alors qu'il touchait finalement l'eau, deux mains en jaillirent, l'attrapant par la nuque pour la maintenir sous l'eau.
Affolée, GaJin essayait de prendre appuis sur ses jambes, mais ses baskets glissaient sur les pierres qui constituaient le fond de la rivière. La jeune fille se débattait comme un beau diable, mais les mains avaient une force surprenante, et GaJin commençait déjà à manquer d'air.

Au bout d'un cour moment, la jeune fille baissa les bras, il fallait se rendre à l'évidence, elle n'arrivait plus à lutter et savait que sa fin était proche.
Quand elle perdit connaissance, les deux mains la lâchèrent enfin et son corps flottait lentement, emporté par le courant, qui par chance, était faible ce jour là.

Il devait être plus ou moins six heures du matin lorsque les gémissements plaintifs quotidiens de sa tante le réveilla. Bella avait encore ses nausées matinales, nausées qui devenaient de plus en plus dérangeantes, autant pour lui que pour elle. Il s'efforçait tant bien que mal à sortir du confort chaud et moelleux de son lit quand elle entra en trombe dans sa chambre, l'obligeant à froncer les sourcils et à se redresser en position assise sur son lit « Qu'est ce que tu fais ? ». La femme, d'un certain âge déjà, peut être la quarantaine ou plus, activait ses mains sur le bureau de son neveu, renversant livres et objets en pagaille à la recherche de quelque chose d'inconnu pour lui. Elle semblait particulièrement énervée, telle une droguée à la recherche de sa dose de cocaïne ou d'héroïne, puis, elle sortit aussi vite qu'elle était entrée, en prenant le soin de prononcer diverses injures à l'égard d'on ne sait quoi. Désormais d'humeur exécrable, Evan rejeta à l'autre bout du lit l'édredon si chaud qui était resté sur ses jambes tout ce temps et posa enfin ses pieds sur le sol froid pour se redresser. Il fouilla rapidement le sol à la recherche d'habits propres car n'ayant pas pris le soin de ranger sa lessive hier soir et s'habilla avec les vêtements qui lui semblaient les plus convenables.
Une fois dans le salon, de mauvaise humeur et encore endormi, il se dirigea difficilement vers la cuisine à la recherche de nourriture et se fût une fois devant le placard ouvert que sa tante Bella se précipita sur lui.
- J'ai besoin de toi. elle le regardait d'un air grave, presque menaçant
- Après manger.
- Maintenant ! elle ferma violemment la porte du placard, frôlant les doigts du jeune homme de quelques centimètres
- Qu'est ce que tu veux ? il la fixait en grimaçant
- Je veux que tu ailles me chercher quelque chose contre le mal de tête.
Ses yeux gris affichaient quelque chose de mauvais et il avait toujours cet air dégouté, comme s'il venait de manger quelque chose de répugnant. Evan murmura quelque chose dont juste les mots «buvait» et «cognac» furent audibles et parti en direction de la porte d'entrée, en prenant soin de la claquer derrière lui.
Une fois à une bonne cinquantaine de mètres de chez lui, le jeune homme laissa échapper un hurlement de rage, frustré de toujours être sous l'emprise d'un parent, même si sa dernière figure tyrannique était morte. Evan laissait ses pas le porter, se dirigeant lentement vers la rivière qu'il avait prit l'habitude de longer, jugeant cet acte particulièrement relaxant. C'était une belle matinée ensoleillée bien que le jeune homme n'appréciait guerre la présence du soleil tapant sur son visage pâle. La légère brume s'était dissipée et l'herbe était encore pleine de rosée, mouillant modérément ses chaussures en cuir. Malgré la saison, le vent était frais et l'avait obligé à mettre un leger pull-over qu'il possédait déjà depuis quelques années. Il avait regagné son calme, marchant depuis au moins une dizaine de minutes à l'ombre des arbres. Oubliant la requête de sa tante, il fixait l'eau en marchant et crût un instant devenir fou en la voyant s'agiter vingt mètres devant lui. Il haussa les sourcils et continua d'avancer n'y prêtant guère attention lorsqu'un frisson lui glaça le corps à la vue d'une forme flottant à la surface du liquide transparent. Le jeune homme s'arrêta un instant, hésitant, paniqué. Et si c'était un corps ? Ne devrait-il pas aller voir ? Il avança avec curiosité et prudence, la forme se déplaçant lentement, emportée par le courant. Des filets flottaient à la surface mais ils n'étaient pas la forme qu'il avait aperçu, le jeune homme le sût à l'instant où son regard gris se posa sur le corps de GaJin situé cinq mètres plus loin. Son sang se glaça de nouveau, il se figea, cherchant autour de lui quelque chose pour l'aider sans vraiment chercher, avant de trouver une sorte de canne posée un peu plus loin. Attrapant l'objet au passage, Evan se hâta pour s'approcher un maximum du corps, tendant la canne dans l'espoir de l'attraper en vain. Il fixait avec appréhension l'eau qui paraissait aussi chaude que de la neige, repoussant un maximum le moment ou il devrait penetrer le liquide pour aller sauver son amie. Il ota ses chaussures et son pull qu'il jugeait pratique pour les instants qui viendraient après la baignade et entra difficilement dans l'eau gelée du matin. Son corps tremblait de froid et il tentait d'avancer tant bien que mal, le poids de son pantalon gênant considérablement la chose et réussit à attraper de justesse l'un des pieds de la jeune femme avant de la tirer vers lui, le poids de ses vetements gênant une fois de plus l'action. Le jeune garçon se hissa sur la berge avec mal, tenant d'une main le corps inerte de GaJin, le vent desormais gelé le glaçant jusqu'aux os. Une fois tous deux extirpés de la rivière, il s'approcha d'elle et ne sachant comment réagir, il la secoua avec violence.

Flottement, c'était le premier mot qui était venu à l'esprit de GaJin, c'était exactement la sensation qu'elle avait; une lumière blanche occupait tout l'espace, et pourtant, elle n'était pas éblouie. Elle se sentait bien, ne ressentait aucune douleur, contrairement à ce qu'elle s'était attendue; elle avait toujours crût que mourir serait douloureux, mais ce n'était pas le cas, certes la mort en elle-même n'était pas un moment de plaisir, mais comparé à la sensation que l'on éprouvait par après, GaJin pensait que cela en valait peut-être la peine finalement.

Alors qu'elle avait l'impression de flotter parmi les nuages, elle ressentit des soubresauts. Cela voulait-il dire qu'elle était toujours rattachée à son corps? Elle n'était pas donc pas morte? En réalité, c'était loin d'être le cas, et voilà qu'elle recrachait la quantité impressionnante d'eau qu'avait contenu ses poumons un peu plus tôt. Au revoir la sensation de légèreté, sa gorge irritée la faisait souffrir désormais, et les rayons du soleil brûlaient ses rétines, la faisant cligner des yeux.
Elle préférait de loin les quelques minutes qui avaient précédées celles-ci, elles étaient beaucoup plus douces.

Reprenant peu à peu ses esprits, la jeune fille chercha à savoir qui l'avait sauvée de la noyade et tomba face à face avec Evan...qu'est ce qu'il faisait là? De mémoire, elle ne l'avait jamais vu en dehors d'Hollowish et encore moins à une heure aussi matinale. Bon, elle n'allait pas s'en plaindre, elle avait eût de la chance qu'il soit passé par là, enfin si on pouvait appeler sa de la chance. Au départ elle devait bien l'avouer, elle avait eût envie de le frapper, mais s'était ravisée car après tout, il n'était pas obligé de le faire, et le connaissant, elle pouvait dire qu'il ne l'aurait probablement pas fait si elle n'avait pas été son amie.

Ayant du mal à retrouver ses forces, GaJin préféra ne pas essayer de se relever immédiatement. Bon, il fallait qu'elle trouve quelque chose de valable comme explication; ce n'était pas bien compliqué, il ne fallait pas être devint pour voir que la jeune fille était plutôt de genre faible, et qu'elle ne faisait rien pour se ménager, aussi, la théorie du manque de sommeil ne serait pas trop difficile à croire, et oui, car même après l'épisode du centre, GaJin n'osait toujours pas parlé de ses rêves qui devenaient réels maintenant, elle était certaine qu'on la prendrait pour une folle.

Elle pensa vaguement à remercier le jeune homme, mais sa spontanéité et surtout sa curiosité prirent le dessus.

- Qu'est-ce que tu fais là?, demanda-t-elle d'un ton accusateur.

La rivière venait de retrouver son calme, comme si rien ne s'était passé et les minutes qui précédèrent l'instant où GaJin lui recracha à la figure l'eau contenue dans ses poumons lui parurent floues, tel un lointain souvenir. Evan était accroupi auprès d'elle, ses yeux bleutés fixant le visage livide de la jeune femme qui commençait à peine à respirer convenablement. Il relâcha la pression qu'il maintenait sur ses épaules molles, profitant de la liberté de ses mains pour s'essuyer le visage, trempé par l'eau de la rivière recrachée. Le vent froid frappait leur corps trempés, les obligeants à trembler violemment, rendant leurs mains et leur lèvres violacées malgré la présence du soleil. Le jeune garçon rechercha du regard le pull qu'il avait jeté à terre quelques instants plus tôt, et s'en servit comme serviette pour s'essuyer le haut du corps avant de regarder, hésitant, son amie qui clignait difficilement des yeux. Il lui jeta son pull-over gris souris, comme pour lui proposer d'en faire ce qu'elle voulait. Il n'arrivait décidément pas à faire le moindre geste attentionné, même pour quelqu'un qu'il venait de sauver des eaux. L'idéal aurait été de directement lui essuyer le visage mais cet acte était beaucoup trop difficile pour lui, n'ayant pas été élevé dans cet état d'esprit. Evan avait de graves tendances à être égoïste, envers qui que ce soit et ce n'était malheureusement pas aujourd'hui que cela allait changer. Les yeux de la jeune femme étaient maintenant grands ouverts mais vide, comme plongés dans les pensées les plus profondes. Le jeune homme la regardait attentivement, guettant le moindre signe vivant de sa part. Elle semblait l'avoir vaguement reconnu mais elle gardait néanmoins son air méfiant et accusateur, surement inquiète de la position de force dans laquelle Evan se trouvait, debout, à côté d'elle, la fixant avec attention. C'est alors qu'elle le questionna en le forçant à grimacer à sa question.
- Ça ne te regarde pas, je fais ce que je veux, je peux très bien te poser la même question. Tu ne vas pas me faire croire que tu étais en train de te baigner avec tes habits, avant de boire la tasse et de manquer de te noyer. il avait répondu froidement, avec sarcasme
Evan ramassa le pull qui était sur les jambes de GaJin et le secoua avec violence à côté de lui dans le but d'enlever le peu de poussière qui était dessus, avant de l'enfiler en vitesse, en partie mal à l'aise de se retrouver un tant soi peu dénudé devant son amie. Il sentait le regard insistant de GaJin sur lui, aggravant son mal être. Il se rhabilla comme si ne rien n'était, son pantalon toujours trempé, et arrangea quelques mèches de cheveux mouillées qui tombaient sur son front encore plus pâle que d'habitude.

Antoinette se dirigeait vers le lac, elle voulait se détendre un peu et après elle irait travailler. Elle était épuisée mais adorait son travail. Elle aimait prendre soin des nouveaux arrivants, des personnes âgées, des malades.
Cela donnait un sens à sa vie qui avait perdu le sien comme les autres il y a dix ans. Une chance qu'elle ait trouvé le village, comment aucune idée mais elle avait eu de la chance. Ca s'arrêtait là.

Elle arriva aux abords du lac, elle marchait en contemplant le sol. Elle n'avait plus eu rien à ce moment là. Ce moment là, c'était cette pseudo apocalypse déclanchée on ne sait comment et pourquoi. Elle s'était depuis poser beaucoup de questions, des questions douloureuses parce qu'il ny avait pas de réponse.

Avait-elle réelement quitter les dix-huit ans qu'elle avait en arrivant? Quelle ambition pouvait-elle avoir? Une fois elle s'était imaginée mariée, avec des enfants et une famille parfait, ici à Hollowish, participant à la reconstruction du monde nouveau. Dix ans déjà avaient passés.

Elle entendit des voix s'élever, toutes proches.
Elle distingua près de la rive, GaJin sur le sol trempé et Evan Macnair qui avait l'air frustré. Il fit volte-face et elle lui barra le chemin.

- Que se passe-t-il? demanda-t-elle innoncement.

La réponse d'Evan agaça GaJin, ça c'était un comble, voilà qu'il faudrait qu'elle s'excuse parce qu'un fantôme surgit de son passé avait voulu la tuer, bon elle ne pouvait pas en parler librement, mais quand même !

Quand le jeune homme enfila son pull en toute hâte, GaJin rougit, il est vrai qu'elle ne l'avait pas quitter des yeux depuis qu'elle était revenue à elle; certes pas pour ce genre de raisons, mais elle se rendait bien compte que ça pouvait porter à confusion, et c'était terriblement gênant.

N'empêche que la jeune femme n'en démordait pas, ce n'est pas parce qu'elle lui était redevable qu'il pouvait se permettre de lui parler de cette façon.

- Mais je travaille moi, si tu veux tout savoir !

Répondit-elle sur le même ton, insistant bien sur le fait qu'elle était utile aux villageois, elle.
En l'occurrence, le fait qu'elle travaillait n'était peut-être pas flagrant, mais c'était quand même ce pourquoi elle était là à la base.
Enervée, GaJin se releva à toute vitesse. Mauvaise idée, sa tête se mit à tourner et des petites étoiles dansèrent devant ses yeux; la jeune fille retomba aussi sec.
Ca ne fait qu'aggraver la situation et elle prit bien le temps de se relever cette fois, bien décidée à se remettre au travail et écourter cette conversation qui ne menait à rien, sans l'ombre d'un merci ou d'un quelconque signe de gratitude.
Quand Antoinette débarqua, il semblait que les rives de la rivière était un endroit à la mode aujourd'hui, alors que d'ordinaire, il était peu fréquenté.

Elle leur demanda ce qui se passait, et GaJin fût tentée de répondre que ça ne lui regardait pas, encore un signe de son énervement, mais elle voulait montrer qu'on lui avait apprit la politesse et le respect de ses aînés, aussi répondit-elle d'une voix mielleuse :

- Je travaillais, et lui, dit-elle en désignant Evan, il fait ce qu'il veut, c'est ce qu'il a dit.

GaJin avait tout l'air d'une cafetteuse, mais elle ne s'en rendait même pas compte, et s'en fichait bien de toutes manières.

- Et toi? Qu'est-ce qui t'amènes ici? demanda-t-elle sur le ton de la conversation.

Antoinette observait successivement Evan et GaJin. Pourquoi l'un était agacé profondément et l'autre trempée jusqu'aux os.

* GaJin a le chic pour se mettre dans des situations pas possible, il s'agit d'un hobby. *

- Je suis ici parce-que je pensais qu'il n'y avait personne, dit-elle en souriant. Mais je vois que... elle fronça les sourcils et posa une main sur l'épaule de Evan comme pour le dissuader de partir. Vous devriez vous calmez, pour commencer. GaJin, comment se fait-il que tu sois à ce point mouillée? Tu as voulu prendre un bain? Habillée? Comme c'est étrange. Tu vas prendre froid et toi aussi Evan?

Elle pose son front sur celui du jeune homme pour déterminer sommairement s'il avait oui ou non de la fièvre.
Elle avait beaucoup de mal à comprendre la situation. Il y a quelques instants, elle s'imaginait seule avec ses pensées en train de divaguer, elle pensait à des choses peu agréable certes. Mais cependant le cadre dans lequel elle était et la solitude lui permettaient d'atteindre une forme de sérénité.
C'était uns des rares moments où elle réussissait à relativiser, où elle se disait : Il faut continuer à vivre. Ils avaient interrompu cet instant, ils étaient responsables.
Aussi elle ressentit une pointe de frustation en elle qu'elle refoula immédiatement. A quoi bon au fond?

Perdue dans ses pensées elle ne se rendit pas compte combien de temps elle était restée front contre front avec Evan. Elle se redressa.

- Tu ne sembles pas avoir de fièvre, mais tu peux me dire ce qui se passe?

Elle travaillait, elle ? Evan s'était empêché de pouffer de rire à l'entente de cette phrase. Depuis le temps qu'il était ici, il n'avait pas mangé un seul poisson et puis, elle paraissait plus occupée à se noyer plutôt qu'a pêcher quoi que ce soit. Le visage du jeune homme affichait une certaine frustration vis à vis des phrases qu'il aurait tant aimé dire mais chez lui, il avait appris à se taire et à ne pas blesser le peu de gens le supportant. Il la regarda d'un œil moqueur essayer tant bien que mal de se relever et retomber aussitôt, ne proposant pas un minimum d'aide. Si GaJin ne se voulait pas reconnaissante, il n'avait aucune raison de l'aider à nouveau, jugeant qu'il venait déjà d'effectuer sa bonne action de la journée. Il était un peu plus de six heures et il devait encore aller chercher le remède de sa tante jusqu'au centre de village, trempé, ne voulant prendre le risque de rentrer se changer chez lui avant. Il observa une dernière fois la jeune femme qui était maintenant debout sur ses deux jambes et fit volte-face, se retrouvant une nouvelle fois devant une figure féminine, surpris.
Antoinette Jewels lui faisait face, visiblement dépassée par les éléments qui venaient de se produire, ce qui était totalement compréhensible pour quelqu'un qui venait d'arriver et alors qu'il voulait lui répondre avec sarcasme, une fois de plus, GaJin s'empressa d'embellir la situation à son avantage. Il se retint vivement de lui lancer une remarque blessante car coupé dans son élan par une main se posant délicatement sur son épaule, geste qui était inhabituel chez lui et qui lui envoya un vague frisson de surprise. Levant les yeux de son épaule, il fixa avec un sourcil légèrement levé Antoinette qui était en train de parler avec grand calme, telle une mère qui remet en place ses enfants. Le jeune homme se sentit perdre quelques années et, prit au dépourvus, il n'eut pas le temps de réagir quand le front de la jeune femme se posa contre le sien. Encore plus gêné que tout à l'heure, Evan ne pût s'empêcher de jeter de vifs coups d'oeil à droite et à gauche, comme pour vérifier qu'ils étaient les seuls à être témoins de cette scène. Quand le front d'Antoinette quitta le sien, il répondit avec hâte, souhaitant éviter un maximum un autre contact physique gênant.
- Pour être exact, GaJin apprend à nager mais ce n'est pas encore gagné, quand à mon cas, ce qu'elle à dit englobe bien la situation. il adressa à Antoinette un sourire en coin satisfait mais poli et tourna légèrement la tête en attente d'une réaction de la part de GaJin

Toutes ses remarques à propos de son petit incident commençaient à sérieusement lui taper sur les nerfs, puis il était clair qu'ils ne savaient pas du tout en quoi consistait son travail, ni l'un, ni l'autre, peut-être qu'ils pensaient que c'était une partie de plaisir et que tous les jours elle se contentait de rester plantée sur la berge en sifflotant le petit bonhomme en mousse pendant que les bisounours plongeaient au fond de la rivière pour ramener le poisson. et peut-être même que Bob l'éponge leur donnait un coup de main, après quoi, un antillais chantant le téléphone pleure lui portait ses sacs jusqu'à l'entrée du village. GaJin ne pût s'empêcher de lever les yeux au ciel, mais soit, il valait mieux qu'elle ne relève pas, parce qu'elle était certaine qu'Evan en profiterait pour la dévaloriser, et là, elle était sûre qu'elle ne pourrait s'empêcher de lui crever un oeil avec sa canne, et ça, il valait peut-être mieux éviter, même si elle avait parfaitement, qu'au fond, c'était ce qu'il attendait.
Détrompez-vous, GaJin ne détestait pas Evan au contraire, elle l'appréciait beaucoup, mais leur relation avait toujours été comme ça et pour rien au monde elle n'aurait voulut que cela change.

En revanche, son petit côté machiavélique la poussa à dire, prenant un air songeur :

- Hummm Evan a raison, je devrais peut-être demander à Keiitaro de me donner des cours particuliers.

En toute franchise, pour d'étranges raisons, elle imaginait très mal Keiitaro en train de nager, mais à défaut de pouvoir se défouler sur Evan qui lui aurait rendait la pareil, GaJin s'en prenait à Antoinette, se demandant qu'elle allait bien être sa réaction. C'était juste pour blaguer, et si la jeune femme avait pût s'imaginer qu'ils s'étaient donnés un rendez-vous l'autre soir au cimetière, peut-être qu'elle marcherait cette fois également.

GaJin en oublia même sa rancune envers Evan, et oui, il fallait s'y attendre quand on avait une humeur aussi changeante que la sienne.

- Je parie que je peux deviner pourquoi t'es dehors à cette heure, c'était vendredi hier pas vrai? Toutes les grandes sorcières se doivent de fêter ce jour dignement...

Même si ce n'était qu'une hypothèse pour taquiner son ami, elle se doutait qu'elle avait vu plus ou moins juste.

Tout à coup, GaJin se rendit compte que depuis son "réveil" elle n'avait pas arrêté de trembler et de claquer des dents, même si cela restait discret, malheureusement, elle n'avait pas finit sa journée, et ne comptait pas aller se changer pour retourner à l'eau de toutes façons, puis ce n'était sûrement que les effets du choc.

Antoinette fronça les sourcils et pris une expression profondément désolée. La situation de GaJin la préoccupait. Elle avait l'air très malade, elle était pâle et elle tremblait. Oui, ça n'avait rien d'une petite trempette matinale.
Antoinette retira le gilet qu'elle portait par dessus sa robe blanche, elle aurait froid avec son decolleté mais au moins GaJin serait un peu mieux.
Elle se demandait si la jeune femme se rendait compte qu'elle paraissait mal en point.

- Quelque chose me dit qu'il t'es arrivé un truc pas très clair, Ahn GaJin, dit-elle en plantant ses mains sur ses hanches. Tu m'expliques? Je sais que tu es venue chercher ton poisson pour les deux jours à venir et que cette histoire de cours de natation de tient pas, elle se tourne vers Evan. Je veux savoir ce qui s'est passé, lui dit Antoinette en approchant son visage du sien.

Elle n'avait pas voulu faire attention à l'allusion de GaJin sur Keiitaro. Elle savait combien GaJin pouvait être lunatique et changeant à ce point. Elle se pencha vers GaJin et plaqua à son tour son front contre le sien.

Il était brûlant.

- Tu as beaucoup de fièvre, dit-elle gravement en se redressant. Ce que tu as fait, volontairement ou pas, était imprudent.

Ce qui s'était passé, elle en avait une vague idée. Et l'hypothèse de la baignade en était exclue, GaJin réussissait à toujours se mettre dans d'étranges situations compliquées à chaque fois. Machinalement elle tâta les cheveux mouillés d'Evan.

- Je ne comprend décidemment rien.

Le jeune Evan regardait successivement Antoinette et GaJin, qui n'étaient visiblement pas sur la même longueur d'onde. Il fronçait les sourcils en essayant de comprendre en vain chacune des allusions que GaJin destinait à Antoinette qui restait de marbre, continuant de les interroger sur les minutes qui avaient précédé son arrivée. Le garçon aurait fort aimé avoir le même sens des priorités que la jeune femme blonde, qui semblait plus intéressée par la santé de son prochain plutôt que par des attaques mais à cet instant, Evan se sentait de trop et aurait préféré s'éclipser, chose qui lui paraissait plus profitable. De plus, il lui était presque impossible de répondre correctement à l'interrogation d'Antoinette, car le jeune homme ignorait ce que pouvait bien faire GaJin avant de manquer de se noyer, chose que lui avait évité Evan en faisant l'exploit de venir la repêcher, mais connaissant GaJin et son habitude d'attirer les ennuis, il était étrange pour lui que quelqu'un la connaissant insiste tant pour que l'ont raconte cette histoire, histoire qu'aucune de deux personnes ne semblaient vouloir conter, aussi gênante soit elle.
Malgré ce silence lourd et cette ambiance plus ou moins tendue entre les trois, la jeune blonde insistait, encore une fois comme une mère qui insiste pour connaitre la bêtise de ses enfants et sachant qu'elle ne risquait pas de les lâcher avant qu'ils avouent la pseudo faute, Evan avoua.
- Je viens de sortir GaJin de l'eau, elle flottait inerte à la surface, ne me demandez pas pourquoi car je n'en sais rien.
Le regard du jeune homme se tourna alors vers la première concernée, l'air désolé, mais il ne supporterai pas un instant de plus ce regard pesant braqué sur lui pour qu'il avoue un crime qu'il n'avait pas commis. Prit de remords pour ce qu'il venait de faire, car après tout, c'était à GaJin de s'expliquer et non pas à lui comme il venait de le faire, le jeune homme fixait ses chaussures, observant les gouttes d'eau dégoulinantes de son pantalon s'écraser sur elles, gêné d'être encore là mais appréhendant le moment où il devrait quitter l'endroit où il se trouvait à l'instant même.

GaJin détestait ça quand Antoinette jouait la maman de service, mais elle savait que c'était dans sa nature et avait apprit à faire avec. Elle fût néanmoins touchée par le geste de son amie. En revanche, elle n'était pas très heureuse qu'elle ne se contente pas de la version "j'apprends à nager", même si c'était effectivement très peu crédible étant donné qu'elle était bonne nageuse; piètre apnéiste certes, mais bonne nageuse.
Mais quand elle se trouva front contre front avec elle, s'en était un peu trop, aussi se dégagea-t-elle, elle avait de la température, la belle affaire, elle s'en souciait comme de sa première chemise, à tort certainement, mais soit.

- C'est pas grave, ça va passer.

C'était imprudent...comme si elle n'était pas au courant, elle ne s'était pas dit soudainement "tiens je vais tenter de me noyer aujourd'hui, ça peut être sympa", mais évidemment, si elle n'expliquait rien, tout le monde pouvait spéculer sur tout et n'importe quoi.

Evan vendit la mèche, mais il semblait qu'il s'en voulait d'avoir été obligé de tout révéler, enfin de révéler tout ce qu'il savait en tout cas. GaJin ne lui en voulait pas, après tout, ce n'était pas si anodin que cela, et elle se doutait qu'il ne devait être évident de résister à un interrogatoire pareil. Elle lui sourit pour lui faire comprendre qu'elle ne pouvait lui en vouloir et jugea qu'une petite explication s'imposait.
Elle avait décidé de rester sur son idée de base, et même si elle n'était pas la plus grande des actrices, il lui arrivait de mentir convenablement, aussi s'efforça-t-elle de ne pas se remémorer ce qu'il s'était réellement passé un peu plus tôt, ou elle était sûre de se faire griller.

- J'ai eu petit malaise alors que je vérifiais les filets, peut-être le manque de sommeil, ou de vitamines ou d'autre chose, je n'en sais rien.

GaJin n'essaya pas de se lancer dans des détails qui la trahiraient; tout le monde se rendait bien compte qu'elle n'était jamais au meilleur de sa forme, mais comme personne n'en connaissait vraiment la cause, elle se disait qu'ils pouvaient penser que c'était sa constitution naturelle.

- J'ai eu de la chance que tu passes par là., ajouta-t-elle à l'adresse d'Evan, ce qui était sa façon à elle de le remercier.

Les brèves explications ne firent qu'aggraver l'inquiétude d'Antoinette. Elle savait que ce n'était en rien la faute de vitamines ou d'une autre substance. C'était ces choses étranges qui arrivaient sans cesse à GaJin. Elle la regarda gravement comme pour lui dire qu'elle ne la croyait pas complètement.
Depuis qu'elle la connaissait Antoinette savait que GaJin était souvent victime de phénomène très étranges, comment? pourquoi? Elle se l'était toujours demandée.

- Donc, tu manques de te noyer...et...GaJin, tu sais, elle marqua une pause. Tu sais un jour il va forcément t'arriver quelque chose si ça continue et ça nous fera à tous beaucoup de mal, moi compris. Je...je ne sais pas pourquoi tu mens. Qu'est ce que tu veux cacher.

Parce que cette histoire de vitamine, c'était bien des mensonges. Antoinette le lisait sur son visage. Elle sentait qu'elle cachait quelque chose d'effrayant, quelque chose qu'elle savait mais qu'elle ne voulait pas dire. Elle avait peur elle aussi, GaJin s'était... s'était son amie. Quelque chose qu'elle avait du mal à admettre, car dans sa vie "ami" signifiait peu de choses. Ces "amis" se sont qui l'avaient longtemps délaissée, abandonnée, pour revenir quand ils en avaient besoin. Ce temps-là n'était pas révolu?
Au fond, Antoinette, elle l'aimait bien GaJin. C'était sa copine.
Elle se tourna vers Evan.

- Tu n'as rien vu de plus? demanda-t-elle.

Tout comme Antoinette, Evan aurait aimé croire l'hypothèse de GaJin, cependant, le comportement de la jeune femme changea quand elle évoqua la cause de cette fameuse noyade, ce qui fût plus qu'étrange pour le jeune homme. Il observait GaJin, une lueur de d'inquiétude dans les yeux tout en se pinçant les lèvres. Visiblement, quelque chose ne tournait pas rond ces derniers temps chez la jeune femme, chose qu'elle tentait désespérément de cacher, chose que tentait surement de découvrir Antoinette, en bonne amie protectrice. Le jeune blond n'en savait pas plus sur ce sujet, n'ayant pas aperçu son amie dernièrement jusqu'a aujourd'hui. Bien que pour ainsi dire heureux de ses retrouvailles, une autre façon de prendre de ses nouvelles aurait été plus judicieux, le sauvetage des eaux n'étant pas un retour très agréable. Il laissait parler ces dames, même quand GaJin lui adressa un remerciement car tentant un maximum de se faire oublier, ne voulant réellement se joindre à la conversation qui tournait en une sorte de négociation amicale. Tout autour de cette ambiance, le temps était au beau fixe, le vent jouait avec les branches des arbres et plus le temps passait, plus le soleil paraissait haut dans le ciel. Evan se tenait debout sur la berge depuis environ cinq minutes, mais le temps était interminable pour lui. Le jeune homme n'avait jamais vraiment supporté d'attendre debout, à rien faire. Il ne supportait pas non plus le soleil, explication rationnelle à la couleur blanche de sa peau. A cet instant, il hésitait à croiser les bras, acte qu'on lui a toujours enseigné impoli en présence d'autrui. Il écoutait alors parler Antoinette tout en se demandant si elle avait des enfants ou si elle comptait en faire, persuadé qu'elle jouerait très bien ce rôle. Son regard croisa celui de la jeune femme quand elle se tourna de nouveau vers lui.
- Non. il la fixait avec insistance
Le ruissellement de la rivière parvenait jusqu'a ses oreilles mais le jeune homme ne s'en rendit compte qu'a l'instant. Le bruit lui était particulièrement agréable, il lui aurait suffit de fermer les yeux pour s'endormir et se laisser bercer par le son de l'eau qui coulait contre les roches. Son regard perdu se posa sur les filets qui étaient près du bord, ils semblaient remplis de poissons. Il n'aurait jamais crût que GaJin pêchait avec des filets, il voyait plutôt la pêche comme une activité, ou un métier, où l'ont reste assit avec une canne entre les mains, attendant le poisson. Encore un stéréotype ...
- Je ne savais pas que tu pêchais avec des filets ...

Mais pourquoi fallait-il qu'Antoinette insiste sur le fait qu'elle ne disait pas la vérité, c'était précisément la question que la jeune fille se posait, elle se demanda aussi si elle était si mauvaise menteuse que ça, pourtant, rien ne la trahissait et son histoire tenait la route. Encore, elle comprenait qu'Antoinette se pose des questions, après ce qu'il s'était passé au centre l'autre jour, mais qu'elle insiste de cette façon devant Evan qui, lui, n'était au courant de rien, l'agaçait au plus haut point, elle aurait au moins pût attendre qu'elles se retrouvent seules, même si GaJin ne lui aurait rien révélé, au moins, elle se serait sentie plus à l'aise.

- Mais qu'est ce qui te fais croire que je mens, et puis pourquoi le ferais-je?, répliqua-t-elle froidement, et d'un ton sans appel, afin de bien lui faire comprendre qu'elle ne souhaitait pas continuer à s'étendre sur le sujet.

D'ailleurs, elle fût plus soulagée quand Evan répondit qu'il ne savait rien de plus, cela ne servait à rien d'épiloguer là dessus pendant un siècle.
Il vint à son secours en changeant carrément de sujet. Cela la prit un peu au dépourvu qu'il parle de pêche, mais c'était son élément, elle connaissait bien son métier et elle était à même d'en parler.

- Ben en fait, des fois j'utilise la canne, un peu en avale, mais les poissons ne sont pas assez bêtes que pour mordre à l'hameçon, alors qu'ils se prennent dans les filets beaucoup plus facilement, je pense que pour la pêche à la canne, il faudrait que j'aille là où c'est beaucoup plus profond avec la barque que j'ai trouvé il n'y a pas longtemps, mais je ne sais pas, je ne m'en suis encore jamais servie.

GaJin aimait ce qu'elle faisait, même si elle aurait préféré pouvoir relâcher les poissons au lieu de les donner aux habitants pour qu'ils se nourrissent, d'ailleurs il y avait d'autres moyens de se nourrir, mais elle n'allait pas s'engager là-dedans, c'était un combat qu'elle savait perdu d'avance. Mais soit, cela se voyait dans sa façon de parler qu'elle y prenait du plaisir.
Elle eût une idée soudaine, comme elle n'était pas seule, il lui serait plus facile de manier la barque, aussi demanda-t-elle gaiement, oubliant sa fièvre et le fait qu'elle ne se sentait pas des mieux :

- Vous voulez qu'on essaie?

Antoinette ferma les yeux et sourit.

* On verra ça plus tard, mais je te promet que je n'oublirai pas.*

Elle regarda GaJin parler de son travail et repensa à Viktor, Viktor s'était son fiancé, il avait disparu. Elle l'a connu deux ans après son arrivé à Hollowish, il était grand et fort, c'était lui qui s'occupait d'un peu de tout au village, il avait aidé quand ils avaient renovés l'installation éléctrique mais il s'occupait en général plus des forges. Il était arrivé un an après elle, et ils s'étaient entichés l'un de l'autre, elle ne savait pas si elle l'aimait mais elle avait accepté de l'épouser et un jour...il avait disparu. Pas mort, pas parti. Disparu.
Il aimait beaucoup pêché et conaissait un peu GaJin. Elle pensait parfois à lui en se promenant près des forges mais jamais à la Rivière.

- Je serais heureuse d'apprendre, ton poisson est le meilleur du village,non? dit-elle a GaJin en souriant. Mais pas aujourd'hui, je voudrais t'examiner si tu es d'accord. Et toi aussi Evan. Il fait frais, ce serait regrettable d'attraper froid, non?

Il n'y aurait pas de raison de s'inquiéter outre-mesure si ce n'était pour le cou violacé de GaJin qu'avait remarqué Antoinette. Oui, ces choses qui lui arrivaient c'était ça. Elles en parleraient après, mais pas devant Evan.

Le sourire soudain apparût sur le visage de GaJin faisait plaisir à voir, lui parler de la pêche semblait être l'une des rares choses qui lui remontaient le moral et ce n'était pas peu dire. Cela était plus ou moins normal car étant elle-même pêcheuse, mais tout de même. Evan n'avait jamais vraiment connu GaJin heureuse ou dans un état « normal », tout son charme était-la, certes, mais le jeune homme la suspectait d'être la seule personne de ce type là encore vivante sur terre. Il avait arrêté de regarder les filets, les connaissants désormais que trop bien et pretait attention aux deux femmes qui s'échangeaient d'étranges regards. Même si le comportement de GaJin était anormal, Evan, contrairement à Antoinette, n'était pas plus intrigué que ça. Il n'aurait jamais dit qu'il s'en fichait, la jeune femme étant son amie, mais le jeune blond n'aimait pas particulièrement se meler des problèmes des autres. Aussi, si GaJin souhaitait lui en parler, elle savait très bien où le trouver.
Plongé dans ses pensées, il fît pris au dépourvu quand son amie leur proposa d'utiliser la barque pour pêcher. Le jeune homme n'avait pas envisagé que ce changement radical de conversation le mènerait à monter sur une barque à la recherche de son repas du midi. Aussi, il ne pût refuser et s'empressa même de répondre, effrayé par la l'idée d'un examen d'Antoinette.
- Je n'ai rien contre, j'ai du temps libre devant moi.
Non pas qu'Evan ait quelque chose contre Antoinette et ses examens, mais le garçon ne portait pas dans son cœur les visites médicales qu'il avait l'habitude d'éviter depuis qu'il était enfant et pensait-il qu'il valait mieux attraper froid.

Elle s'était attendue à ce que Antoinette décline sa proposition, et même à ce qu'elle demande de passer un examen, ce dont GaJin n'avait aucune envie bien évidemment. Elle remarqua aussi que son regard s'attardait sur son cou, mauvais signe, peut-être qu'elle portait des traces visibles de ce qu'il s'était passé un peu plus tôt. D'un geste machinal, elle ramena ses longs cheveux sur le devant afin de marquer une quelconque évidence, ce qui bien sûr, ne fit qu'attirer l'attention.

- Oh on fera ça plus tard, et puis il ne fait pas si froid que ça, c'est juste qu'il est encore tôt, quand le soleil sera haut dans le ciel, je parie qu'il fera même chaud.

C'était toujours mieux de remettre à plus tard un examen, surtout si celui-ci devait aboutir à certaines conclusions, ce qui ne ferait qu'aggraver la situation.

Elle fût heureuse que Evan vole à son secours en acceptant de prendre la barque, ça lui permettrait de se changer les idées.
Elle lui sourit, et dit :

- On y va alors !

Puis se tourna vers Antoinette et lui demanda :

- Tu viens avec nous?

Exprimant clairement de cette façon qu'elle ne subirait aucun examen pour le moment, d'ailleurs, même si elle estimait beaucoup Antoinette, personne ne pouvait la forcer à faire quoi que ce soit.

D'un pas sautillant, elle se dirigea vers l'endroit où se trouvait la fameuse barque, sous une bâche afin d'éviter les moisissures, la retira, et poussa la barque dans la rivière, s'assurant qu'elle était toujours retenue par une fine corde, pour éviter qu'elle ne s'en aille sans eux, puis s'occupa de trouver quelques petits appâts pour le poissons, dans la vase au bord de l'eau.
Une fois qu'elle en eût suffisamment, elle se mit en quête de deux petites branches, n'ayant qu'un semblant de canne à pêche, elle fallait qu'elle en bricole deux pour ses invités, les hameçons, et le fil de pêche, elle avait tout ça dans la barque.
Prête, elle leur lança :

- Allez on embarque !

D'un ton joyeux.

Comme elle pouvait s'y attendre, GaJin et Evan cherchèrent à éviter à tout prix de se faire examiner. Antoinette ne laisserait pas passer une telle chose, ne serait-ce que pour GaJin. Etait-ce raisonnable de la laisser partir sans l'avoir attentivement examiné ?

Antoinette fixait les marques violines sur le cou de la jeune femme qui le remarqua et qui rabattu ses longs cheveux afin de les masquer. Elle soutint son regard, la figure inquiète pour la jeune coréene.

Comment pouvait-elle laisser passer cela? Et comment Evan, témoin, pouvait le cautionner?
* Peut-être qu'il n'a pas remarqué les traces sur son cou*

Se dit alors Antoinette. Quoi qu'il en fût, elle était médecin et rien ne comptait plus au monde que ses précieux patients.

Mais quand elle vit le sourire de GaJin et l'entraint qu'elle manifestait à l'idée de leur montrer ses techniques de pêche, le jeune médécin décida que ce n'était pas urgent et que de toute façon elle les examinerait tous les deux dans la semaine. Même Evan semblait être de la partie chose peu vraisemblable en raison de son caractère distant et froid.

Aussi Antoinette répondit:

- Bon, d'accord, je viens mais vous ne vous en tirerez pas comme ça, vous passerez me voir dans la semaine, dit-elle d'un ton autoritaire. Attendez moi!

Elle souleva précautieusement sa robe blanche et les suivit dans l'eau pour gagner la barque.