La Couverture de Survie

Antoinette et Ethan traversèrent le reste de la forêt sans mal, et atteignirent la rivière calme en ce matin. Le Soleil reflétait à sa surface sa douce lumière doré, les arbres bordant l'étendue d'eau s'y penchait les feuilles déjà rougies à certains endroits alors que l'on était à l'aube de Septembre, une chaleur bien différente à celle de la forêt quittée s'était installée et les deux jeunes femmes contemplaient en marchant ce spectacle de début du monde. Antoinette en fût de meilleure humeur encore et se mit à sourire, sans raison apparente.
Elle atteignirent l'entrée du village. Il était tôt et à Hollowish on ne se pressait pas un pour un sou, les habitants n'étaient pas très matinaux pur conserver leur bonne volonté mais quelques âmes accomplies se levaient un matin ou un autre pour bien démarrer la journée. Aussi croisèrent-elles ici et là quelques habitants affairés, les bras chargés ou sur la place du Marché commençant le déblayage de leurs nouvelles acquisitions mais chacun remarqua l'arrivée des deux jeunes femmes. Ils saluaient Antoinette par des "Bonjour Antoinette!" ou "Tiens, voilà Antoinette" à renfort de grands signes de la main et regardaient le regard circoncis Ethan. Antoinette répondait un grand sourire aux lèvres par un "Bonjour!" ou un "Comment allez-vous ce matin?". Une légère brise balaya son visage nacré et elle se tourna vers Ethan comme pour la rassurer.

- Nous y sommes presques, l'assura Antoinette.

Quelques minutes plus tard, se dressait devant elles un grand bâtiment en briques rouges, l'aspect imposant de l'infrastructure semblait dominer tout le village ce qui était quelque part le cas pour le Centre Culturo-Médicinal.
Elles entrèrent dans le grand hall relativement vide à cette heure-ci.

- Bien je vais t'emmener en chambre de repos, je t'examinerais dès que tu te seras reposé et restauré, entendu?

Antoinette emmena Ethan dans l'aile de Repos du Centre, c'était là que les malades de longue date séjournait, c'était la aussi que les personnes âgées et seules restaient aussi, quand on arrivait à Hollowish, on s'occupait d'abord de vous nourrir et de votre état de fatigue. Ça prenait de deux jours à deux semaines, ensuite avaient lieu les examens médicaux qui avaient pour but de déterminé si oui ou non on était en bonne santé. Après quoi, on vous aidait à vous insérer parmi les Villageois. Un aide-soignante qui passa salua de la tête Antoinette qui l'interpella.

- Bonjour, c'est une nouvelle arrivante, il faudrait avertir le Conseil, entendu, elle sera en chambre 123, d'accord? Si vous me cherchez, je ne serai pas loin. Elle doit avant tout bien dormir.

La jeune femme acquiesça en regardant Ethan puis s'en alla. Antoinette se rendit avec cette dernière jusqu'au bout d'un couloir et s'arrêta au numéro 123, elle sortit un trousseau de clé de son panier et ouvrir la porte avec l'une des clés.

Avant de pénétrer dans le village, les deux jeunes femmes passèrent devant une rivière. L'eau de celle-ci était calme. Ethan n'y jeta qu'un petit coup d'œil, mais elle se sentait un peu apaisée par cette vue. Elle était en réalité très excitée et très pressée d'arriver au village. L'automne devait poindre le bout de son nez, car certaines feuilles des arbres qui bordaient la rivière commençaient à virer dans des tons rouge et orange. Elle pénétrèrent enfin dans le village. Ethan ne s'était pas vraiment attendue à quelque chose de moderne loin de là. Et en effet, le village ressemblait à un petit village que l'on trouve parfois dans les campagnes Françaises ou Irlandaises. Certaines maisons étaient dans le style Tudor, avec briques et colombages. Certaines avaient un aspect bois, d'autres étaient bâties en briques grises ou rouges. Il n'y avait pas beaucoup de personnes dans les rues de Hollowish. Il était relativement tôt, c'était donc normal. Les seules personnes qu'Antoinette et Ethan croisèrent semblaient plutôt affairées. Elles passèrent devant une grande place. * La place du Marché certainement * songea Ethan avec intérêt. De toutes les personnes que la blonde et la brune rencontrèrent, pas une ne manqua de saluer Antoinette. La jeune femme répondait pas un sourire, un signe de la main ou quelques mots aimables. Elle devait être très appréciée. Pour ce qui était d'Ethan, les villageois se contentaient de la regarder avec plus ou moins de curiosité. La brune évitait de croiser leurs regards, quelque peu intimidée. Après tout, cela faisait des lustres qu'elle n'avait pas vu autant de monde autour d'elle. D'un geste fébrile, elle retira une feuille qui était restée coincée dans ses cheveux et l'abandonna par terre. Elle suivit son trajet du regard avant que la feuille ne se pose sur le sol avec légèreté. Antoinette dût remarquée qu'Ethan était un peu mal à l'aise, et elle la rassura d'une voix douce. La jeune brune sourit et acquiesça en silence. Quelques instants plus tard, un immense bâtiment de briques rouges se dressait devant elles. Ethan ouvrit la bouche sous l'effet de la surprise et leva les yeux pour regarder jusqu'où l'édifice s'élevait. Elle tourna ensuite la tête pour inspecter les alentours. Autour d'elle se trouvait un véritable complexe de bâtiments en tout genre. Elle distingua ce qui devait être une école, ou encore une maison de repos. Les deux jeunes femmes entrèrent dans le grand bâtiment rouge. Le hall était assez imposant et de couleur crème. Choix judicieux, le blanc aurait fait mal aux yeux du fait des grandes vitres qui diffusaient d'importants halos de lumière. Il n'y avait que quelques membres du personnel qui passaient d'un pas pressé. Antoinette interpella une aide-soignante et échangea quelques mots avec elle à propos de la brune.

- Bonjour, c'est une nouvelle arrivante, il faudrait avertir le Conseil, entendu, elle sera en chambre 123, d'accord? Si vous me cherchez, je ne serai pas loin. Elle doit avant tout bien dormir.

Le Conseil ? Ethan fronça quelques secondes les sourcils. Peut-être était-ce l'équivalent du gouvernement ou quelque chose du genre. Ethan le découvrirait bien assez tôt. En outre, il est vrai qu'Ethan avait sommeil, mais l'allégresse du moment faisait qu'elle ne ressentait pas vraiment le besoin imminent de dormir. De nouvelles questions se bousculaient dans son esprit. Mais elle se devait d'attendre pour les poser. Elle resta donc silencieuse pour le moment, se contentant d'un sourire timide à l'aide-soignante, qui lui répondit par un autre sourire, mais légèrement crispé, comme si elle se forçait. Ethan n'y prêta guère attention. Peut-être les villageois avaient-ils du mal avec les nouveaux arrivants ? Dans une petite communauté comme celle-ci, la nouveauté n'était pas souvent accueilli de bon cœur. Mais peut-être n'est-ce pas le cas de tous les villageois. Un cas isolé de donne pas la majorité.

La blonde et la brune firent encore quelques pas et s'arrêtèrent devant une porte blanche avec marqué en chiffre bien droit 123. Antoinette sortie un impressionnant trousseau de clés et en enfonça une dans la serrure. Un petit clic sonore retentit et la blond au teint d'albâtre ouvrit la porte. Ethan avança à petits pas dans la chambre. Elle n'était pas très spacieuse, mais l'aménagement de la pièce la rendait plus grande qu'elle ne l'était. Une grande fenêtre faisait entrée suffisamment de lumière pour que la blanc des murs éblouisse la brune. Elle cligna quelques instants des yeux et jeta un coup d'œil rapide et furtif à la pièce. Sur les murs, juste quelques tableaux de paysage aux couleurs pâles venaient donner un peu de vie à la pièce. Deux lits étaient disposés, un près de la fenêtre et l'autre près du mur opposé à celle-ci. A la droite des deux lits se trouvait une petite table de chevet avec un verre en plastique et une bouteille d'eau. Un rideau faisait office de séparation. Les draps étaient d'un bleu océan et visiblement fraîchement lavés à l'odeur de lessive qui régnait dans la pièce. La jeune Ethan était plantée comme une souche au milieu de la pièce, ne sachant pas vraiment quoi faire…

Dès qu'elle entra dans la pièce, Antoinette alla en premier lieu fermer la fenêtre, il fallait que Ethan soit dans les meilleures conditions possibles pour bien se reposer. Elle posa son panier sur la petite table basse située devant le premier lit et défit les draps de ce dernier. Elle se dirigea vers Ethan et lui ôta la couverture polaire sur ses épaules.

- Ici, tu pourras te laver, dit-elle en montrant une porte en face du lit défait. Il y a tout ce qu'il faut. Quand tu auras fini, il y aura du linge propre sur la table basse, tu te mettras au lit, je repasserai dans trois quarts d'heures, je veux te voir au lit, compris?

Elle était autoritaire mais c'était pour son bien. La chambre 123. Antoinette n'y avait pensé tout de suite, mais à côté il y avait la chambre individuelle 121. Tout en sortant d'un placard du linge propre pour Ethan, elle repensait de nouveau à lui et à la première fois qu'il l'avait embrassée.

C'était le jour où elle devait lui enlever ses bandages. Elle était venue avec un plateau dans les mains dans lequel il y avait un calmant et du désinfectant. Il était toujours de bonne humeur quand elle venait le voir. Il plaisantait, riait, parlait de la vie, parfois marmonnait en allemand ce qui empêchait Antoinette de comprendre ce qu'il disait mais de façon générale elle aimait beaucoup. Dès qu'elle était entrée dans sa chambre ce jour-ci, elle avait sentit qu'il était un peu perplexe. La veille l'aide-soignante qui était passée dans sa chambre avait constaté qu'il avait encore très mal par endroits au torse. Mais dès que son regard, croisa celui d'Antoinette son visage s'illumina. Timidement, la jeune française s'assied près de lui, sur son lit.

- Comment allez-vous aujourd'hui? demandait-il.
- Moi, je vais très bien, avait-elle répondu en mouillant un linge dans une bassine d'eau à ses pieds. Mais vous, je sais que ses brûlures vous faisaient encore mal hier.
- C'est Ide qui vous l'a dit, dit-il sombrement.
- Oui.
- Ce n'est rien, aujourd'hui, je vais bien, ça ne me fait plus mal, croyez-moi.
- Voyons cela.

Elle prit le linge mouillé qu'elle appliqua sur le torse pansé du jeune homme. Il ferma les yeux, signe qu'apparemment il souffrait encore. Ayant ensuite humidifié tous les bandages, elle reposa son linge et approcha son visage du torse contusionné afin de les enlever lentement. Doucement, elle défit un premier pan, l'homme grimaça. Elle le regarda lever la tête.

- Regardez-moi, Viktor, regardez-moi, dit-elle jusqu'à ce que ce dernier baisse la tête et la regarde dans les yeux. Je vais essayer de ne pas vous faire mal mais il ne faudra pas bouger.
- Entendu, dit-il.

En le regardant, Antoinette continua à défaire un à un les bandages. Ne se quittant pas des yeux, Viktor avança vers elle lentement jusqu'à ce qu'il ne soit qu'à quelques millimètres l'un de l'autre. Et il l'embrassa comme jamais personne ne l'avait embrassé.

Elle soupira.

- Bien, je reviens dans trois quart d'heure, dit-elle avant de partir à Ethan.

Antoinette se tenait déjà depuis dix minutes devant la chambre 121. Elle ne savait plus où est-ce qu'elle en était vraiment. Disparu, comment était-ce possible?

*Où es-tu amour?*

N'importe quoi. Elle posa son front contre la porte et se souvint de Viktor, de son parfum, doux et légère comme une brise d'automne. De sa douceur, comme lorsqu'il la prenait dans ses bras et l'y gardait des heures entières. De sa peau, douce comme de la neige qui venait de tomber. De sa façon de parler, calme avec son accent germanique. Peut être un miracle se produirait et il réapparaitrait du jour lendemain comme il avait disparu.
C'était il y a deux ans. Antoinette se levait, il était tôt et les premiers rayons de Soleil inondaient sa chambre qu'elle partageait avec lui, les yeux clos elle le cherchait de la main sur la couche mais elle n'y trouva personne. Elle ouvrait lentement les yeux, se disant qu'il était parti pêcher de bonne heure. Elle mit par dessus sa robe de chambre un long gilet brun et se mit en route vers la rivière après s'être chaussée. Réveillée par le vent léger qui balayait le village, elle arrivait à la rivière qu'elle longea quelque peu sans y trouver son fiancé. Au final, après cinq heures de longues fouilles, Viktor était introuvable. Pétrifiée de peur, elle s'imagina qu'il s'était tué quelque part. Mais on lui dit, qu'il n'était pas mort mais disparu. Pas mort, comment le savaient-ils? Pas Mort.

Elle prit une grande respiration et repartie en sens inverse. Elle passa rapidement la tête à travers chaque porte de chaque chambre. Pas un patient ne manquait à l'appel, la plupart dormait, d'autres étaient à peine réveillés. Elle descendit ensuite au bureau du Hall. Une aide-soignante s'y trouvait, elle était le nez dans quelques papiers éparpillés sur un vieux bureau en bois.
Antoinette se plaça devant le bureau.

- Ide?
- Oui? dit l'aide-soignante en levant la tête vers elle.
- 121, une nouvelle arrivée ce matin. Il faudrait rapidement prévenir GaJin et Keiitaro et les autres membres du Conseil t'en qu'à faire. Elle se repose en ce moment dans sa chambre, je vais lui préparer son petit déjeuner, vous avez déjà monter celui des autres patients?
- O..Oui, Mademoiselle Antoinette. Claryn s'en est chargée...Mais, une nouvelle arrivée? demanda-t-elle étonnée. C..Ça faisait longtemps.

Antoinette acquieça puis abandonna l'aide-soignante pour la cuisine.

* Mais comment suis-je arrivée ici ? *

Ethan n'en savait rien. Elle n'avait pas réalisée qu'elle avait traversée la moitié de la ville pour rentrer chez elle. Elle se souvenait juste des regards horrifiés des passants, et des chuchotements qui en résultaient. Et puis le bruit, la fumée, les bousculades, les railleries des jeunes. Mais elle n'y avait prêtée que peu d'attention. C'était la main d'une autre jeune étudiante qui avait fait tournée la clef dans la serrure et qui avait ouvert la porte. L'appartement qu'Ethan avait à Dublin était spacieux, mais sans plus. Le minimum décent qu"il fallait pour vivre. Le salon était dans des tons brun et vert. Une cuisine à l'américaine venait renforcer l'impression d'espace. Un petit couloir menait à la chambre et à la salle de bain. Comme si elle survolait dans la pièce et qu'elle assistait à la scène de haut, la brune ne s'était pas rendu compte qu'elle avait appelée son frère.

- Allô ?
- Jeff…
- Ethan ? qu'est-ce qui se passe ?
- Viens à l'appartement.. tout de suite.
- Quoi ? Mais pourquoi ? Qu'est ce que…
- TOUT DE SUITE ! hurla-t-elle.

Et elle avait raccrochée. Elle se traîna jusqu'à la salle de bain. Son reflet dans le miroir l'effrayait. Elle avait du sang qui lui coulait du nez et ses cheveux étaient poisseux. D'un geste de rage, elle arracha sans pour autant se faire mal, les anneaux qui pendaient à ses oreilles. Cette fureur inconnue qui s'emparait d'elle ne s'arrêta pas là. Elle brisa tout ce qui lui passait sous la main. Bouteilles de parfum, produits de beauté, vase, elle envoya tout balader. Elle lança le savon contre le miroir avec une telle force, une telle violence que celui-ci éclata en morceaux, lui écorchant un peu le visage au passage. Elle enleva ses chaussures et les envoya voler dans le couloir. Elle décrocha les tableaux, brisa les cadres, éventra les fauteuils et le canapé, répandit tout le contenu du réfrigérateur sur le sol. Ethan ouvrit la fenêtre et lança vêtements et autres. Elle se foutait royalement de l'avis des passants. Sa respiration était saccadée. Elle errait parmi les vestiges de son appartement. Ses mains étaient couvertes de sang, mais pas uniquement du sien. Elle ne se rappelait pas. Elle n'avait aucun souvenir de ce qu'elle venait de faire quelques heures plus tôt alors qu'elle se disputait pour la énième fois avec son petit ami. Après une demi-heure, elle entendit frappé à sa porte.

- En… entre, bredouilla-t-elle. C'est ouvert, dit-elle dans un souffle.

Elle vit la poignée se tourner et son frère pénétra dans l'appartement dévasté. Malgré la différence d'âge entre Ethan et son frère, on aurait pût croire sans problème qu'ils étaient jumeaux. Jeff avait pourtant 12 ans de plus qu'elle. Il était grand, le teint halé tout comme sa sœur. Des cheveux bruns qu'il ne prenait même pas la peine de coiffer. La seule différence entre le frère et la sœur, c'était que le jeune homme avait des yeux d'un vert émeraude étonnant. Lorsque son frère pénétra dans la pièce, celui-ci laissa échappé un hoquet de surprise. Ce qu'il avait devant les yeux n'était plus un appartement mais un champ de bataille. Il y avait même encore quelques particules des rembourrages des fauteuils qui flottaient dans les airs. Quand Jeff posa les yeux sur sa sœur, plantée au milieu de ce désastre, il ne la reconnu pas. Elle avait les cheveux poisseux et emmêlés, son maquillage avait coulé, et le sang qu'elle avait sur elle lui donnait l'apparence du diable. Mais elle semblait vraiment mal en point. Il marcha d'un pas rapide vers elle et la rattrapa de justesse lorsqu'elle tomba en avant. Il lui demanda, affolé.

- Bon Dieu Ethan, mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Et la jeune femme fondit en larmes. Elle ne pouvait plus s'arrêter, même si elle l'avait voulu. Elle pleurait toutes les larmes de son corps contre l'épaule de son frère qui lui caressait les cheveux en la rassurant. - Tout va bien, lui dit-il. Mais non, tout n'allait pas bien. Ethan continuait de sangloter et s'agrippant désespérément à lui. C'est à ce moment là que le jeune homme sentit qu'il y avait quelque chose de brisé en sa sœur. Quelque chose qui la hanterait à jamais…

Ethan se réveilla en sursaut, des sueurs froides lui glissant le long du dos. Des larmes coulaient sur ses joues. Elle se rappelait bien des sentiments qui l'avaient envahis ce jour-là. Peur, haine, colère, désespoir, culpabilité. Tout cela faisait qu'elle avait pleuré contre l'épaule de son défunt frère. Elle se redressa tant bien que mal et se versa un verre d'eau qu'elle bût d'un seul coup. C'était fait, maintenant, elle ne pourrait plus dormir. Elle n'avait pas d'autre choix que celui d'attendre qu'Antoinette revienne. Elle soupira et essuya ses larmes et la sueur qui perlait à son front à l'aide des draps, n'ayant ni mouchoirs ni serviette à portée de main. Elle tapota fébrilement sur son matelas et se gratta la joue. Les restes de larmes qu'elle avait versée lui picotaient la peau. Au bout de quelques minutes, faisant fi de ce que lui avait obligé Antoinette, Ethan se leva et se posta devant la fenêtre. Il y avait plus de passants maintenant, bien que les rues n'étaient pas pour autant bondées. Elle voyait des maisons aux alentours, et son regard se posa sur un imposant manoir, plutôt reculé du village, à la lisière de la forêt. A cette vue, elle fronça imperceptiblement les sourcils, incapable de s'arracher à sa contemplation…

Si Ethan fût surprise de la réaction d'Antoinette, elle n'en montra rien. Elle avait bien évidemment pensée que la jeune femme allait la réprimander plus que ça. Mais non. Elle s'était contentée de prendre une posture menaçante juste quelques instants avant de se détendre. Ethan se doutait que la blonde ne comprenait que trop bien ce que la brune ressentait. Ethan se garda bien de lui dire qu'elle venait de faire un cauchemar, qui ravivait la blessure de son passé. Elle ne voulait en aucun cas affoler Antoinette. Sans un mot, la brune partie se recoucher. Antoinette saisit une petite table à roulette sur laquelle elle posa un plateau repas, dont le contenu avait l'air bien appétissant. Une omelette fumante mélangée avec ce qui semblait être des poivrons et des oignons était posée dans une grande assiette. En accompagnement, Antoinette avait disposé des pommes de terre cuites à la vapeur et persillés. Il y avait également du jus d'orange, du thé, du café et du lait.

* Je ne mourrais pas de soif en tout cas * pensa Ethan amusée.

Un petit vase avec des œillets orange et jaune venait égayer le tout. La brune s'assit confortablement sur son lit, son oreiller coincé dans son dos pour plus de maintien. La délicate odeur de fleur venait chatouiller les narines d'Ethan, et celle-ci ferma les yeux pour mieux s'imprégner de l'odeur. Elle inspecta avec curiosité le sucrier. Il était en porcelaine, bien qu'Ethan n'étais pas très douée pour différencier une matière d'une autre. Elle le prit entre ses doigts fin et l'inspecta sous tous les angles possibles avant de le reposer en haussant les épaules. Elle se saisit des couverts, mais elle en avait perdu l'usage. Ses mains tremblèrent et elle lâcha les instruments. Elle soupira, et essaya une nouvelle fois. Rien à faire. Des larmes de frustration lui montèrent aux yeux. Elle s'essuya les yeux d'un revers de main et bredouilla quelques excuses. Elle inspira et expira profondément en se murmurant pour elle même.

- Je vais y arriver…

Elle serra les poings pour s'empêché de trembler et saisi avec témérité les couverts. Tant bien que mal elle parvint en s'en saisir correctement, et commença à couper son omelette. Le résultat n'était pas très concluant, et Ethan commençait à être agacée. Elle reposa le tout et but une petite gorgée de jus d'orange. Elle remit délicatement le verre à sa place. Elle posa ses mains sur les draps au niveau de ses cuisses et demanda timidement à la blonde.

- Combien de temps vais-je rester ici selon vous ?

La brune était elle même étonnée de son aisance à parler sans encombre, et qui plus est avec un vocabulaire tout à fait appréciable. Elle qui ne parvenait même pas à tenir des couverts convenablement, elle pouvait parler comme si elle n'avait jamais été seule pendant autant de temps ! C'était un comble ! Elle se mordillait la lèvre inférieure, tandis que la blonde se rapprochait de son lit, sans doute pour l'aider à manger plus facilement. Ethan avait une confiance aveugle en cette femme. Elle ne se posait aucune question à son sujet, mais elle avait confiance en elle. Après tout, elle aurait très bien pût ne pas la secourir; la brune avait connue tellement de gens égoïste et si sûr de leur propre importance. Mais la blonde n'avait pas hésitée. Peut-être était-ce dû à ce cataclysme que les gens étaient devenus plus solidaire. En ces temps troublés, la compassion et l'entraide valaient beaucoup plus qu'autrefois. Si Ethan avait elle aussi découvert quelqu'un en pleine forêt, faible et déboussolé, elle n'aurait pas hésitée une seconde. Et elle était persuadé que tout le monde dans ce village en aurait fait de même…

[ Un peu court désolé ]