Un vendredi pas comme les autres

Vendredi, la journée la plus chargée de la semaine de GaJin, en effet, elle se levait à l'aube pour aller pêcher, flânait un petit moment au bord de la rivière, s'essayant à la maîtrise de soi, ce qui marchait rarement, puis revenait au village, tentait de vendre le fruit de ses récolte, et finalement se prêtait à ses rituels magiques, car comme toutes bonnes sorcières (qu'elles soient apprenties ou non), le sait, le vendredi était le meilleur jour pour faire ce genre de chose, encore plus quand c'était la pleine lune comme aujourd'hui, car vénus et la lune qui se montrent pleinement aux humains est bénéfique sur la magie.

Mais ce jour-là GaJin n'avait rien attrapé, c'était très rare mais cela arrivait, aussi la jeune fille se retrouvait-elle sans rien avoir à faire. Elle était donc rentré chez elle, évitant soigneusement le centre, ainsi que le marché. N'étant pas de très bonne humeur, GaJin pensa qu'elle ne serait pas non plus de très bonne compagnie, aussi pensait-elle que la meilleure solution était de s'enfermer chez elle.
Et pourtant, c'était un moment qu'elle redoutait, car rester chez elle à ne rien faire avait quelque chose de soporifique, et comme d'habitude, elle s'interdisait de s'endormir plus qu'il ne fallait.

Peut-être que le mieux serait de commencer ses rituels un peu plus tôt, du moins ceux qui ne devait être exclusivement exécutés au milieu de la nuit, afin de s'occuper pour ne pas s'endormir.
Oui, c'était ce qu'elle allait faire, c'était de loin ce qu'il y avait de mieux à faire.
Une fois passé la porte moustiquaire puis la porte d'entrée en bois de sa petite maison, GaJin monta au premier se changer et enfila un legging plutôt qu'un jean et une tunique ample, pour se sentir plus à son aise. La jeune fille ne portait se genre de vêtements, certes plus féminins que ceux qu'elle portait quotidiennement, que quand elle savait qu'elle serait cloîtrée chez elle. Puis commença, d'abord faire le tour de toute la maison avec du sel, le sel étant censé repousser les mauvais esprits, chose qu'elle faisait au moins plusieurs fois par semaine, une sécurité de plus.
Une fois que cela fût fait, GaJin s'occupa des quelques plantes qu'elle cultivait dans sa véranda, les arrosant abondamment afin de pouvoir s'en servir plus tard.

Mince, elle se rappela alors qu'elle n'avait pas encore coupé les plantes qui allait lui servir à sa potion de protection du soir. Quelle tête en l'air franchement. Le hic était que ces plantes se trouvaient dehors, de chaque côté de sa porte d'entrée. Bon tant pis, en général, il n'y avait pas beaucoup de monde qui passait par là, étant la dernière maison de la ruelle.
Décidant de ne pas se changer, GaJin ressortit, sa paire de ciseaux en main et se mit à la coupe de ses plantes, quand bien évidemment, elle entendit des bruits de pas dans la rue.
Bien sûr, il fallait que quelqu'un la voit dans cet accoutrement.

Antoinette flânait sans idée précise d'où est-ce qu'elle allait. Ca lui arrivait fréquemment, son panier habituel contre elle, elle marchait à travers le marché saluant les marchants de grands signes de la main et de sourires radieux. Cette vie lui plaisait dans ses moments là, elle ne se posait pas de questions stupides qui n'avaient pas de réponses dans ce genre d'instants. C'était ceux qu'elle préférait, la journée se retirait, il devait être un peu plus de dix-huit heures.
Aujourd'hui ça avait été calme. Elle s'était occupé de faire un bon potage pour ceux qui avaient pris l'averse avant-hier et qui avaient fini avec 39 de fièvre ce qui l'avait mit de bonne humeur.

Une brise lui parvint. Ce qu'elle pouvait aimer le vent. C'était ces choses que l'on expliquait pas. Antoinette n'expliquait pas qu'elle puisse aimer la nuit davantage que le jour, c'est vrai la nuit l'obscurité dévorait les décors, faisait disparaître les atmosphères, étouffait la lumière. Mais Antoinette ce qu'elle préférait c'était ce moment où la nuit rencontrait le jour et s'emparait peu à peu du ciel. Les brises se multipliaient, elle sentait comme un murmure agréable dans son oreille, comme si on relevait lentement et doucement ses cheveux, comme si on la caressait. Oui, le vent et la nuit étaient indissociables dans son esprit.

Même si les angoisses augmentaient, le sommeil les lui ôterait lentement comme si la nuit l'étreignait la rassurait, elle aimait aussi pour ça la nuit. Le jour, elle se savait plus seule que jamais même si elle avait beau être entourée toute la journée. Son regard se posa sur le sol, son sourire glissa et ne fut plus qu'une ombre sur son doux visage. Elle ralentit. Elle sentait déjà son coeur se compresser et sa respiration ralentir. Elle n'était plus très bien en repensant à ses angoisses, elles surgissaient précipitemment dans son esprit.

Elle voulait fuir en fait. Mais elle avait peur, tellement peur que CE qu'elle fuyait lui revienne en pleine figure.
Elle releva la tête, elle avait atteint presque les limites du village.
Antoinette remarqua GaJin qui sortait de sa petite maison en bois, vêtue comme peu de fois on l'avait vue. Elle s'approcha d'elle.

- Bonsoir! dit-elle avec un grand sourire. Ce n'est pas tous les jours qu'on le te vois ainsi, tu es vraiment belle, GaJin.

Dieu merci, ce n'était qu'Antoinette. Enfin, GaJin ne pensait pas ça méchamment, au contraire, ça n'aurait pas été elle, la jeune fille se serait sentie beaucoup plus embarrassée. Elle était même plutôt soulagée, sans trop savoir pourquoi, GaJin se sentait rarement embarrassée devant Antoinette, enfin, moins qu'avec les autres en tous cas, peut-être pare qu'elle l'avait sauvée quand elle était au plus mal et qu'elle en était plutôt fière.
Cela dit, elle ne pût tout de même s'empêcher de rougir quand la jeune femme mentionna le fait qu'elle était belle, étrangement, elle n'y était pas habituée, et ne trouvait pas vraiment que c'était la vérité.

- Bonsoir, m...me...merci, bégaya-t-elle stupidement.

Il était rare de voir Antoinette ou qui que ce soit d'autre, en dehors de ces voisins habituels de ce que côté d'Hollowish, aussi la jeune fille se demanda-t-elle ce qu'elle pouvait bien venir faire par ici.
Essayant de reprendre un peu plus de constance, elle lui demanda :

- Qu'est ce qui t'amène ici?

Essayant d'y mettre un pue de conviction et de bonne humeur.
Puis elle se rendit compte qu'elle n'avait absolument aucune manières, ce n'était pas comme ça que ses parents lui avaient appris à recevoir les gens.

- Tu veux boire quelque chose? ajouta-t-elle soudainement.

GaJin n'étant pas habituée à recevoir de monde, n'avait pas grand chose à offrir, à part du thé, des tisanes, enfin ce genre de chose, ou de l'eau, pas de café ni d'alcool. Cela dit, elle était certaine que boire de l'alcool n'était pas le genre d'Antoinette, mais peut-être qu'elle se trompait après tout.

Antoinette s'approcha du perron de GaJin avec le sourire rayonnant qui illuminait son doux visage quelques instants plutôt sombre et triste. Antoinette appréciait bien GaJin, depuis toujours elle lui avait été reconnaissante de lui avoir sauvé la vie puis de l'avoir aidé dans sa nouvelle vie.

C'était quelqu'un de bien, un peu bizarre, changeante, et solitaire par moment, mais elle était agréable. Tout le monde au village connait GaJin et GaJin connait tout le monde au village, tous l'aiment bien même s'ils s'accordent à dire qu'elle n'est pas simple à vivre. C'est GaJin, elle est simplement elle, elle ne cherchait pas comme Antoinette a dissimulait les aspects les moins reluisants de sa personne. C'était quelque chose que cette dernière jugeait comme admirable, voilà aussi pourquoi, Antoinette aimait beaucoup GaJin.

- Je prendrais un verre d'eau c'est tout, merci, dit-elle en s'asseyant sur le perron. Je me balladais en réalité, j'ai atteri ici sans trop savoir comment.

Pendant que GaJin allait lui chercher son verre. Antoinette regarda depuis le perron l'allée déserte.

* GaJin habite un coin tranquille, tout de même...*

Elle n'était passé devant chez GaJin que de très rares fois et elle n'avait pas eu l'occasion de vraiment s'attarder aux environs. Tout y était calme et aspirait à la paix. Le vent vint lui souffler au visage comme un long soupir qui s'achève des façons les plus agréables pour la jeune française.

Son visage marqué innocement par la douleur au coeur du village était maintenant tel celui d'un enfant qui regardait les yeux emplis d'une lueur exquise un beau jouet dans une vitrine. C'était le ciel que regardait Antoinette, on pouvait bien s'en moquer, mais elle adorait le ciel, chaque soir ses expressions étaient différentes, parfois elle distinguait des visages dans la pâleur des nuages sur lesquelles les derniers souffles du Soleil se réflétait . Jamais elle ne s'était sentie aussi bien depuis sa venue.

Une verre d'eau, oui ça l'aurait aussi étonnée qu'Antoinette soit du genre à boire autre chose, elle avait l'air d'être une personne droite, qui avait des principes, aspirait à la paix plutôt qu'à la guerre, bref tout le contraire de GaJin, même si c'était indépendamment de sa volonté. Bon d'accord, on ne pouvait pas dire que le thé et les tisanes étaient des boissons de rebelles ou de bagarreurs, mais GaJin en avait certain qui donnait de drôles d'effets, sûrement la combinaison de différentes plantes, et elle voyait mal Antoinette boire ce genre de chose.

Pendant que la jeune femme s'asseyait sur son perron, GaJin se dépêcha de retourner à l'intérieur pour lui ramener un verre d'eau bien fraîche, elle s'en servit également un mais qu'elle agrémenta d'une feuille de menthe, plante qu'elle affectionnait tout particulièrement. La jeune fille avait hésité un moment à faire rentrer Antoinette, mais elle était tellement peu une bonne ménagère qu'il régnait toujours un bazar pas possible à l'intérieur de sa maison, qui était propre, mais pas du tout rangée, alors peut-être que c'était mieux ainsi, il faisait plutôt bon en plus pour une fois.

Elle la rejoignit, lui tendant son verre et s'assit à ses côtés, réfléchissant aux raisons que la jeune femme lui avait donnés sur sa présence dans ce coin du village; il était vrai qu'à part en venant s'y perdre, il n'y avait pas grand chose à venir faire par ici, tout était toujours si calme, c'était en partie pourquoi GaJin s'était octroyé cette maison, ça et parce que c'était la seule à contenir une véranda, ce qui lui était pratique pour cultiver ses plantes et qui donnait un certain cachet à une maison qui tombait presque en ruines.
Puis même si GaJin avait du mal à cacher quoi que ce soit, elle prenait le plus grand soin de garder son passé trouble mystérieux, et même si elle aimait la compagnie des autres villageois, il fallait bien l'avouer, par moment elle chérissait également la solitude.

Ne trouvant rien d'autre à dire, GaJin s'attarda sur le temps :

- Belle journée aujourd'hui.

Quand d'autres aimaient le soleil, le ciel et les nuages, GaJin, elle, était fascinée par la nuit. Secrète et magique, voilà comment elle l'aurait définie, et pourtant, elle la redoutait aussi, car c'était à ce moment là qu'à bout de forces, elle s'assoupissait, se laissant aller à tous ces cauchemars. Mais il fallait se l'avouer, GaJin était fascinée par la lune, si changeante et selon certaines légendes, qui jouait un rôle fondamental dans l'histoire du monde. Parfois, la jeune fille essayait de s'identifier à elle puisque c'était ce que sa mère avait voulu, mais elle ne pouvait voir de ressemblances qu'avec les déesses lunaires et jusque là, c'était plus une plaie qu'autre chose, quoiqu'au moins, elle était unique en son genre et cela la consolait un peu.

Antoinette ne fût pas étonnée de constater la façon dont GaJin engagea la conversation. Simple et banale. Toutes les deux n'avaient pas besoin de parler avec véhémence de tout et de rien, elles avaient juste envie d'évoquer la vie simplement.

Antoinette, dans sa vie précédente, ce n'était pas le genre à se taire particulièrement, ça semblerait trop bizarre quelqu'un qui ne parlerait pas et plus encore qui n'évoquait pas sa vie et Antoinette n'avait jamais voulue "sortir du lot" alors oui, elle parlait mais tout n'était que mensonges, aujourd'hui, c'était différent, les mensonges lui paraissaient inutiles, Dieu lui avait donné une deuxième chance. Elle serait vraie. Plus indifférente comme à un moment, mais vraie, quelque chose de dur à faire, parce qu'en réalité elle ne le serait jamais vraiment.

- Merci, elle bût une gorgée d'eau et répondit. Oui, c'est mon moment préféré, quand la journée tire à sa fin. C'est vraiment le meilleur. La fin du travail, le repos, la fin des tourments, non? J'aime bien la nuit.

Elle sourit à nouveau en regardant le ciel. Oui, c'était une très belle journée mais plus encore, une magnifique soirée. Les souvenirs l'emplit lentement, elle aimait bien ce sentiment. Les souvenirs, bons et moins bons, peu importe. Des souvenirs. Plus rien n'avait d'importance à ce moment là. Rien. Si toujours sa pouvait être comme ça.

Qui séchait les larmes quand il n'y avait plus personne à ses côtés? La Nuit. Qui restait là quand elle s'en voulait au point de se jeter dans le vide? La Nuit. Qui l'apaisait et la berçait jusqu'à ce qu'elle s'endorme quand ça n'allait pas? La Nuit.

Rien n'était mieux quand la Nuit arrivait.

La fin des tourments? Pour les autres, oui peut-être, mais pas pour GaJin, pour elle, c'était même le commencement, le travail, qui pouvait être une corvée pour beaucoup de monde, était pour elle un moyen de fuir le sommeil. Le repos, elle ne savait pas ce que c'était. Ce qui était le plus regrettable, c'était de craindre ainsi quelque chose qui la fascinait, car c'était ainsi, la nuit, elle était moins active, pas parce qu'elle en avait besoin, juste parce qu'elle n'avait pas les moyens de l'être plus, après tout, que faire la nuit à Hollowish? Toutes les échoppes ainsi que la bibliothèque étaient fermé passé dix heures du soir, le centre était encore moins fréquentable que la journée, le temple, GaJin ne voyait pas l'utilité, puisque ses dieux cruels l'avaient abandonnée d'après elle, il ne restait que le bar, le cimetière ou la forêt...le bar, elle n'y avait mis les pieds que très rarement, supportant difficilement la compagnie de personnes ayant bu, le cimetière était calme et apaisant, mais elle ne pouvait y passer toutes ses nuits sans faire jaser et la forêt, mieux valait l'éviter elle aussi la nuit, même si ça lui arrivait parfois de prendre la tente qu'elle avait trouvée en arrivant et aller camper seule au bord de la rivière sans qu'il ne lui arrive jamais rien, mais elle devait bien l'avouer, l'atmosphère de la forêt changeait du tout au tout la nuit, c'en était effrayant, mais GaJin avait moins peur de ça que de s'endormir.

Elle hocha la tête, préférant ne pas faire part de ses réflexions à Antoinette, qui elle non plus ne devait jamais être au courant de ses cauchemars à répétition. Et pourtant, elle aurait voulut se confier un jour à quelqu'un, peut-être que ça l'aiderait, peut-être même que ça l'en débarrasserait, mais c'était tabou, elle l'avait décidé depuis le tout début, jamais au grand jamais elle n'en parlerait à quiconque, aussi préféra-t-elle changer de sujet :

- Ta journée n'a pas été trop dure?

Bon certes, ce n'était pas très original, mais elle s'éloignait ainsi d'un sujet dangereux.

Antoinette observa l'air anxieux de GaJin lorsqu'elle lui posa cette question. "Pas Normal", oui, ça c'était GaJin, mais elle de toute façon pour Antoinette les gens qui disent tout sans attendre étaient un peu comme elle avant, il mentait en grande pompe sans prendre de gants. GaJin était sincère au fond. Antoinette prenait ce silence déguisé comme un compliment.

- Non, au contraire. J'adore ce que je fais, dit-elle . Naturellement ça épuise d'être à gauche à droite, mais...j'aime ça. Etre occupé à faire quelque chose que j'aime, quand je peux, je pars très tard, et puis j'habite à côté ce n'est pas un problème. Et toi?

Elle se tourna vers la jeune femme. Le travail de GaJin l'avait toujours beaucoup fasciné, elle le trouvait agréable à pratiquer. Viktor, son fiancé disparu, en faisait de temps à autre, c'était plus un passe-temps pour lui. Une fois, il l'avait ammené à la pêche et ça avait fini en bataille d'eau. Antoinette ne fut pas triste en se remémorant ce souvenir au contraire elle voulait rire, elle se souvenait être revenue trempée jusqu'au os au village sur le dos de celui qui allait devenir son fiancé et qui allait disparaître aussi.

Le travail n'était pas un fardeau à Hollowish, tout le monde faisait ce que bon lui semble à sa guise, toujours ravi d'aider un peu partout d'une façon ou d'une autre. Chaque personne avait sa tâche à accomplir, et chaque personne choisissait quel rôle elle accomplirait dans le village. Chacun était maître de faire ce qui lui plaisait tout en aidant la communauté. Hollowish était à cela près un havre de paix.

GaJin s'amusait de savoir que la plupart de gens s'imaginait que son travail était une partie de plaisir, comme une de ses parties de pêche que font les sexagénaires dans les films qui passaient à la télévision avant les cataclysmes, calme, passant leurs journées assis sur une chaise, une canne à la main, quand ça mord, ça mord, quand ça ne mord pas, on rentre, en tout cas, on aura passé une bonne journée, ce que faisait GaJin était très différent, passant ses journées dans l'eau, le dos courbé pour retirer précautionneusement les poissons des filets. C'était plus fatiguant qu'il n'y paraissait, et la jeune fille en revenait lessivée, mais avec le sentiment du devoir accomplit.

Mais elle s'égarait dans ses pensées, Antoinette n'avait fait que lui demander comme c'était passé sa journée.

- Mes filets étaient vides aujourd'hui, et le courant étant plus fort, je n'ai pas osé prendre la barque seule, alors je suis rentrée.

Elle aurait pût continuer : et du coup, je n'avais rien à faire et c'est cool que tu sois passée par là; mais GaJin n'était pas genre à dire ce genre de choses, elle n'exprimait que très rarement ce qu'elle ressentait pour les autres, d'ailleurs elle n'en avait pas besoin, sa façon d'être en parlait pour elle.

C'était amusant de voir à quel point Antoinette aimait son métier, s'occuper des personnes malades, les bordant, leur donnant à manger, bref être au petit soin pour eux...c'était quelque chose que GaJin ne saurait jamais faire, car malgré tout, elle était un peu trop égoïste pour ça. Peut-être qu'Antoinette avait toujours eût cet instinct maternel, GaJin, elle, était tout l'opposé, elle avait plus un côté enfantin que maternel et cela était sûrement dû à ce qu'il s'était passé dans son propre passé, la façon dont elle avait été élevée, ce qu'elle était devenue...etc.
Il était vrai que les deux jeunes femmes étaient de parfaits opposés et pourtant elles s'entendaient bien, GaJin se posait souvent la question, est-ce que ça aurait été pareil si elles s'étaient connues avant les cataclysmes? Ou plus si il n'y avait pas eût de cataclysme du tout?
Elle ne le saurait sans doute jamais.

Antoinette baissa son visage qui devint plus réfléchit et qui perdit de ses traits joyeux et ensolleillés, il n'en demeurait pas moins enfantin mais on sentait qu'elle pensait à quelque chose de désagréable.
Ce quelque chose c'était sa vie d'autrefois, cette vie où déjà elle étudiait la médecine. Sans savoir comment, elle avait atteri dans ce domaine, elle ne s'intéressait pas particulièrement aux sciences, ni aux maths, ni à aucune matière à attrait scientifique et pourtant... elle aurait aimé aider les autres d'une façon ou d'une autre. Ce que, au fond, aujourd'hui elle avait réussi à réaliser.

Mais si les choses avaient été autrement? Qu'en serait-il? Si jamais le cataclysme n'avait eu lieu. Elle n'aurait jamais connu la jeune femme dénommée Ahn GaJin assise en ce moment à côté d'elle et probablement elle ne serait peut être pas médecin. Quelque part ce cataclysme lui avait rendu service, c'était un don précieux. C'était lui qui lui avait permis de repartir sur de bonnes bases solides. De bons acquis au cours de ces dix dernières années avaient fait d'elle un très bon médecin, elle avait appri avec le Père Baptiste, mort depuis. Il fut , avant le cataclysme, un pasteur qui avait fait médecine et qui était un chirurgien renommé jusqu'à ce que ses enfants grandisse et qu'il choisisse de se tourner vers le Seigneur. Bien sûr, avec l'apocalypse, il avait tout perdu. Comme tous ici, rares étaient ceux qui avaient survécu avec un proche, quelqu'un de la famille. Depuis dix ans, les familles se faisaient et naissaient et d'autres se séparaient lorsque l'heure de l'un d'entre eux sonnait.

Quant serait-il si la famille d'Antoinette avait survécu? Elle n'en savait rien.

- Si...si tout ça n'était pas arrivé il y a dix ans, commença-t-elle sans savoir trop pourquoi elle prononçait ces mots. Je veux dire, serions-nous ce que nous sommes? Nous sommes heureux, ici, mais le serions-nous si tout ne s'était pas passé comme prévu? Serions-nous heureux dans nos vies précédentes?

Les questions d'Antoinette prirent GaJin totalement au dépourvu et la laissait perplexe, déjà, elle n'était pas sûre ce que l'on pourrait appeler heureuse à Hollowish, c'est juste qu'elle n'avait pas eût d'autre choix, elle n'avait jamais eût le courage de mettre fin à ses jours, même si elle était persuadée que c'était la solution, et ensuite, il y avait bien trop de paramètres à prendre en compte pour répondre à ces questions; si elle prenait sa vie en exemple, elle était déjà trouble et tumultueuse bien avant les catastrophes, mais au moins, elle avait sa famille auprès d'elle, qui l'avait toujours couvée comme une petite princesse, puis sa famille était riche, et à l'époque, l'argent réglait beaucoup de choses, alors dans son cas, elle aurait même sûrement été plus heureuse si il ne s'était rien passé, et c'était pertinemment la raison pour laquelle la jeune femme vivait désormais dans le regret.
Mais Antoinette...GaJin doutait qu'elle ait un jour eût une vie pareil à la sienne, elle doutait même qu'aucun des habitants d'Hollowish ait eût une vie semblable à la sienne, même si elle ne connaissait rien, ou presque à leurs vies d'avant.

En revanche, ce dont elle était sûre, c'était qu'ils n'auraient jamais été semblable à ce qu'ils étaient maintenant, aucuns d'entre eux, pour la simple et bonne raison que quelles qu'aient été leurs vies passées, elles n'étaient sûrement pas semblables à celles qu'ils vivaient maintenant et ça aurait définitivement joué sur leurs personnalités.
Si rien de tout cela n'était arrivé, GaJin, elle en était persuadée, ne serait pas la même personne qu'elle n'était aujourd'hui, oh elle aurait été toujours aussi changeante, mais dans un monde où elle aurait eût du pouvoir sur les autres, dû à son statut social et son argent, elle était plus que convainque que son mauvais côté aurait pris le dessus pour réduire les autres en esclavage, voire pire. Oui GaJin, n'aurait pas été une bonne personne si il ne s'était rien passé il y a dix ans, elle le savait.

Aussi se contenta-t-elle de répondre, avec un peu de sagesse :

- Je pense que ça dépend de beaucoup de choses, de nos vies d'avant, de nos personnalités...d'un tas de choses, mais oui, pour la plupart, je pense qu'on aurait pût être heureux.

Et elle s'empêcha d'ajouter "plus qu'on ne l'est maintenant", puisque Antoinette semblait satisfaite de sa vie à Hollowish, et GaJin l'aurait sans doute aussi été si elle ne vivait pas constamment avec des remords et des regrets.

La réponse de GaJin ne l'étonnait pas plus que ça . GaJin, avait toujours du faire face à des situations étranges qui ne lui arrivaient qu'à elle et à personne d'autre. Peut être que dans sa vie d'autrefois, il en était autrement. Ce n'était pas un "peut-être" c'était une certitude, Hollowish était un lieu étrange.

Pourtant, jamais elle n'avait eu la sensation de faire autant de bien aux autres ici, elle était memebre du Conseil Supérieur, elle était médecin, elle s'occupait de chacun quand elle le pouvait, elle aidait certains en difficulté. Dans son esprit, substistait une conscience qui lui affirmait avec certitude que les choses auraient été bien différentes si le cataclysme n'avait pas eu lieu. Elle n'aurait pas été cette personne. Ce cataclysme l'avait fait devenir quelqu'un de bien. Aussi eût-elle du mal à trouver les mots.

- Je....je...je ne sais pas pour toi, comment s'était il y a dix ans mais j'ai la certitude que...ce qui s'est produit à fait ce que nous sommes maintenant à l'intérieur, dit-elle en la regardant. Je ne veux pas parler de nos métiers, de nos rencontres, mais de ce que nous sommes, comment nous sommes. Sans la Cataclysme, j'ai la certitude que nous serions tout autre.

Elle croyait sincèrement en ce qu'elle disait. C'est vrai. La nuit tombait sur Hollowish, une nuit de plus sur l'un des derniers endroits habités de la Terre.

* Etre ici c'est une bénédiction.*

- Cet endroit, ces conséquences et vous, ont fait de moi quelqu'un de bien, de bien meilleur que je n'aurais pû l'être, ou que je ne l'ai été dans ma vie. C'est un miracle, une bénédiction, un don, ajouta Antoinette.

Le discours d'Antoinette ressemblait par moment à celui de quelqu'un qui faisait partie d'une secte avec toutes ces histoires de dons et bénédictions, c'était du moins ce que pensait GaJin car pour elle, se retrouver seul dans un village inconnu, remplis de personnes que l'on ne connaissait pas non plus et devoir apprendre à vivre avec eux alors qu'il ne vous reste que des souvenirs douloureux n'avait rien d'une bénédiction.
Mais bon, elle ne pouvait forcer tout le monde à penser comme elle, et c'était peut-être mieux ainsi d'ailleurs, au moins, Hollowish n'était pas remplis de suicidaires, et il était plus facile de vivre de cette façon.

Cependant, GaJin ne répondit rien, puisqu'elle n'était pas en parfait accord avec ce que venait de dire la jeune femme, sauf sur le fait qu'ils aient tous inévitablement changé au contact des villageois ou de la vie à Hollowish, ça c'était indéniable.

Puis elle se demanda si elle pouvait poser une question qui la taraudait à Antoinette. Elle la voyait mal mener une vie de gangster, ou même être une personne méchante ou égoïste, pourtant, la jeune femme semblait sous-entendre qu'elle avait eût un passé trouble en disant que les habitants l'avait rendue meilleure...c'était assez intriguant, mais personnel aussi, et pourtant...

- Elle était comment ta vie à toi, avant?

Venant de GaJin, c'était une question innocente, posée par pure curiosité, mais peut-être que Antoinette s'offusquerait alors que ce n'était pas son intention.

La question de GaJin se soulevait dans son esprit. Comment était sa vie? Comment pourrait-on la décrire. Elle-même n'en savait trop rien. Différente en premier lieu.

Sa vie actuelle était nettement meilleure. Autrefois, tout était terne, sombre, obscure. Elle débutait ses études de médecine à l'époque, c'était il y a dix ans mais elle s'en souvenait sans peine, quelque chose d'aussi triste ça ne s'oubliait pas. Elle se levait sans l'envie, sans but, sans ssavoir où aller, penser à l'avenir, à ce qu'elle allait devenir, ça lui faisait peur, ça lui faisait mal. Elle avait fait des erreurs qu'elle jugeait monstre, elle en avait déçu des proches, elle se sentait seule, très seule. Elle n'avait le goût de rien, elle était fatiguée, elle ne voulait plus vivre.
Elle avait perdu le goût de la vie. Les autres la dégoûtait, ils s'étaient joué d'elle, l'avaient délaissée, abandonnée. Elle était brisé comme une poupée de porcelaine, elle était à terre.
Elle avait tellement changée depuis. Tout avait changé, elle avait changé. Elle avait tiré un enseignement de ses erreurs, elle les avait accepté, avait cessé d'être acaparée par le regret. Elle avait cessé d'être un enfant et était définitivement une femme.
Ainsi, sût-elle quoi répondre.

- Triste. Un triste époque, dit-elle en acquieçant. Pour toi, je n'ai pas l'impression que c'était la même chose, je me trompe?

Triste, oui ça correspondait mieux avec Antoinette que tumultueuse ou osée ou risquée ou n'importe quoi d'autre, avec la jeune femme, c'était soit triste, soit heureux ou encore chargé, enfin tous ces qualificatifs allait bien à la jeune française. Pas qu'Antoinette soit quelqu'un de triste à fréquenter, mais elle aussi avait ce genre de mélancolie, pourtant, elle ne semblait pas avoir de regrets concernant sa vie d'avant, alors peut-être que GaJin n'arrivait pas à la cerner convenablement.

Antoinette avait raison quand elle disait qu'il en allait autrement pour elle, l'ancienne vie de GaJin n'avait rien de triste, à part ses terreurs nocturnes. Même pas ce terrible incident, puisqu'elle ne s'en souvenait qu'au travers des coupures de journaux que ses parents avaient découpés et mit précieusement sous clef afin d'éviter d'ébruiter ce scandale, qui l'avait déjà été par les médias, mais comme tout scandale, moins en parlait, mieux ça se portait.
Autrement, sa vie avait été plutôt joyeuse, ses proches aimaient GaJin, et jamais ils n'avaient crû qu'elle était folle, ils la savaient juste spéciale, différente des autres enfants, mais faite à leur idée. Qu'elle ait des relations plutôt difficiles avec ses camarades ne classe ne la préoccupait guère, enfant, la jeune femme n'était déjà pas très altruiste, elle se fichait bien de ce que les autres pensaient, d'ailleurs, ils n'osaient pas trop lui créer de problèmes, peur de représailles, puisque le père de GaJin pouvait aisément faire renvoyer les parents des autres enfants. Du coup, elle était devenue la chef de bande et cultivait sa différence.

En revanche, après la catastrophe, GaJin s'était retrouvée seule, sans défense, elle ne faisait plus peur à personne et certains des survivants s'étaient moqué d'elle, ne la ménageant pas le moins du monde, lui assurant que sa place était à l'asile, la rabaissant autant qu'ils le pouvaient. Tout cessa quand elle arriva à Hollowish, mais la jeune fille avait gardé un très mauvais souvenir, aussi avait-elle essayé de se maîtriser le plus possible, et surtout de ne jamais parler de ses cauchemars, qui, déjà secrets depuis le départ, étaient désormais tabou.

- C'est vrai, c'était tout sauf triste, ça me manque.

Sa mélancolie refaisait tout à coup surface et ça se voyait que GaJin avait du mal à en parler.

Elle comprenait cela. Il y a toujours des regrets. Des regrets profonds envers une vie passées, finie. Un temps révolu. Pour GaJin, c'était avant le Cataclysme, il y a dix ans. Pour Antoinette, s'était son enfance.

Elles n'avaient pas grand-chose de communs dans leur vie passée mais aujourd'hui, c'était presque des amies. Elles étaient membres du Conseil Supérieure et elles avaient à ceci près des habitudes comparables. Antoinette essayait d'imaginer la vie de GaJin. La vie devait être douce.

Elle devait avoir une situation, une famille aimante, des amis c'était moins sûre GaJin était assez solitaire mais elle pouvait avoir changé depuis. Antoinette la regarda attentivement et but une gorgée d'eau.

* Ainsi les rôles sont inversés aujourd'hui. Je ne suis plus aussi malheureuse qu'il y a dix ans alors qu'elle n'est plus heureuse qu'auparavant. *

Antoinette se disait qu'il devait en être ainsi pour beaucoup d'entre eux. Leur vie qu'ils avaient mis un temps infini à constuire et qu'ils aimaient s'étaient détruite sous leur yeux et impuissants ils s'étaient traînés jusqu'ici.

- Comment était-ce? Doux? Non? J'imagine que lorsque tu as vu que la vie que tu connaissais s'était achevée brutalement, c'était...horrible? Non? demanda-t-elle, incertaine. Je crois comprendre ça, quand on s'aperçoit que c'est fini. Comment ta vie à toi était? Une gentille famille, une bonne situation, une raison de se lever le matin, l'envie de sourire.

Elle disait ça en se focalisant sur son propre cas. Quand elle a dû accepter que l'enfance était finie.

Pour tout dire, GaJin n'aurait pas résumer sa vie d'avant de cette façon, bien que ses parents lui passaient tous ses caprices, on pouvait difficilement résumer sa vie d'avant avec l'adjectif "doux", le mot "tumultueux" convenait mieux; mais elle ne s'en plaignait pas à l'époque, elle aimait sa vie qu'elle était même si ce n'était pas tous les jours facile.
Elle se souvint des leçons que sa mère lui donnait chaque jours, afin qu'elle puisse reconnaître les plantes et s'en servir plus tard. Ce fût une tâche ardue, mais GaJin était plutôt fière du résultat et puis ça lui plaisait, même lorsqu'elle était enfant.
Elle se souvint également des rites qu'elles exécutaient toutes les deux les soirs de sabbat, comme ce soir en fait, toujours ensemble, parce que cette lubie de la magie était bien celle de sa mère, son père ne s'en préoccupait jamais, ça ne devait pas être son truc et puis c'est tout.
Lui s'occupait des études de sa fille, l'inscrivant dans les meilleures école privées, se servant de pots-de-vin pour arriver à ses fins.

Puis, même si elle était encore jeune quand les cataclysmes sont survenus, GaJin avait déjà beaucoup voyagé, presque autant qu'après. Oui, sa vie d'avant avait été plus tumultueuse, ou même aventureuse que douce. Mais révéler ça, reviendrait à révéler tout ce qui concernait la passion de sa mère, à savoir; faire de sa fille une experte en magie blanche, et c'était plus que rare que la jeune femme en parle. De mémoire, elle ne se rappelait en avoir parlé qu'avec une seule autre personne, qui ne pouvait désormais plus rien révéler à qui que ce soit, par conséquent, cet autre secret était bien gardé. Peut -être qu'un jour, elle en ferait part à quelqu'un, parce qu'elle ne pourrait pas garder tout ça pour elle indéfiniment, mais ce n'était pas à l'ordre du jour.

Aussi, se contenta-t-elle de répondre :

- Quelque chose dans ce goût là oui.

Avec un petit sourire qui en disait long.

Quelques fois, les mots étaient dérisoires. Et quand Antoinette vit l'expression sur le visage de GaJin, elle se dit que ce n'était pas la peine d'en dire davantage.
Les autres avaient perdus pour les plus vieux (et parfois aussi pour de plus jeunes) tout ce qu'en une vie ils avaient construit. La Terre avait été lavée et avait effacée leurs vies. Désormais, le passé, fut-il aussi parfait que le décrivit GaJin, était mort avec leurs proches. Chacun devait reconstruire une nouvelle vie propre. Antoinette se laissait à penser parfois qu'il s'agissait d'une chance. La chance de pouvoir facilement abandonner les charges et erreurs de leurs anciennes vies sans pour autant les oublier. La chance de ne plus refaire les mêmes erreurs. La chance de désormais pouvoir bâtir un monde meilleur.

* L'utopie...Nous y voilà. Finalement ce n'est pas aussi rose qu'à l'origine et ça à été plus brutal que prévu mais l'occasion est là, ici, maintenant, nous vivons l'utopie. *

Elle ne le soupçonnait vraiment. Mais pour bâtir un monde idéal, il fallait détruire le précédent.
Cette pensée lui fit froid dans le dos. La destruction, la mort, le désespoir, la désillusion tout cela devait aboutir au monde meilleur prôné par toutes les sociétés désormais anéanties ? Le prix était trop fort.
Sa vie à elle, qu'était-ce au fond? Etait-ce une bonne chose? Et elle, était-ce une bonne personne? Non.. d'autres auraient mérité de vivre à sa place. Elle souvenait durant la catastrophe.
Courant sous la pluie drue jusqu'au diocèse, noyé, détruit, les cadavres des bonnes sœurs jonchant le sol. Elle était restée une heure plantée à regarder ce spectacle, ce carnage. Et c'était dite que ceux ci partiraient sans regret après tout le bien qu'ils eurent accompli dans leur vie. Pourquoi elle et pas une autre personne. C'était incompréhensible.

- T'es-tu déjà demandé pourquoi toi, tu avais survécu, et pas les autres? demanda Antoinette. Toi, alors que d'autres sont morts?

La question d'Antoinette lui glaça les sangs, c'était la grande question qui hantait sa vie; pourquoi elle et pas les autre, ou plutôt pourquoi les autres et pas elle, parce que survivre était son supplice quotidien. Une immense tristesse s'empara d'elle, alors qu'elle était en proie à ses souvenirs. Comme toujours, quand elle repensait à son passé, le chagrin l'emportait sur toutes les autres émotions que GaJin pouvait alors ressentir.

Elle fût trop bouleversée pour répondre à cette question, elle se contenta donc de vaguement hocher la tête, afin de ne pas laisser Antoinette sans aucunes réponses concrètes, mais elle ne se sentait pas de taille à bavarder à propos de ce sujet en lui demandant si ça avait aussi été le cas pour elle, aussi évita-t-il prudemment de lui retourner la question. Elle préféra changer de sujet, et sauta du coq à l'âne en demandant :

- Tu as quelque chose de prévu pour ce soir?

Car même si il y avait littéralement eu l'apocalypse plusieurs années auparavant, il n'en restait pas moins que le vendredi était un jour spécial pour les habitants d'Hollowish, celui qui précédait le week-end qui était pour certains villageois jour de repos. Il était encore plus spécial pour la jeune fille puisque c'était le meilleur jour pour la sorcellerie, comme toutes les personnes qui connaissent un peu la magie le savent, le jour du sabbat.

» Un jour de Pluie comme les Autres
» Keiitaro & les autres